On me l'a enlevée **
Par Benoît Springer et Séverine Lambour. Vents d’Ouest, 13 €, le 13 janvier 2010.
C’est un petit village français, comme les autres, avec sa place, son bistrot, son marché, ses habitants. Mais c’est aussi le lieu d’une terrible disparition: celle d’une petite fille, enlevée à sa mère en pleine fête foraine, alors qu’elle regardait ailleurs, juste le temps de s’acheter une barbe-à-papa. Les jours qui suivent, tout le monde ne parle plus que de ce drame. Les regards d’abord compatissants se font suspicieux, et les secrets remontent à la surface…
Après La Rebouteuse, le duo Benoît Springer (dessin) et Séverine Lambour (scénario) se replonge dans une tragédie familiale, plombée par une atmosphère confinée. Au fil des pages et des portraits fugaces des habitants, ils parviennent à rendre palpable cette oppressante vie provinciale, où tout le monde se connaît, médit, ment et se jalouse. Le drame central fait éclore les rancoeurs de certains et la détresse d’autres et c’est toute une petite communauté nécrosée qui se révèle. Les auteurs, par une mise en scène privilégiant les non-dits et la suggestion, brillent dans le registre de la tragédie intime. Hélas, la conclusion tombe dans un pathos démonstratif inutile et pénible, détruisant tous les efforts de sobriété réalisés jusque-là. Dommage, très dommage.
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