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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | February 2, 2025















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On ne la ferme pas !

28 janvier 2025 |
SERIE
On ne la ferme pas !
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
20 €
DATE DE SORTIE
23/08/2024
EAN
2357613734
Achat :

Mai 2014, alors que Benoît Jahan, connu pour avoir créé les éditions Groinge et le fanzine Le Phacochère, ramène sa fille de la maternelle, il tombe sur une manifestation — chose plutôt rare au Pradet, commune d’un peu plus de 10000 habitants de la guère gauchiste Côte d’Azur. Il s’agit d’une protestation contre une possible fermeture de l’école publique Jean Jaurès, où est allé l’auteur enfant, où pourrait aller son enfant.

onlaferma2 Lui qui n’a jamais vraiment milité dans sa ville, il se laisse emporter par cette lutte locale, qui dure le temps d’un mandat entier. Entré lentement dans cet engagement, d’un naturel plutôt réservé, Jahan va s’y consacrer très largement, jusqu’à se présenter aux municipales suivantes. Son engagement central est lié à ses compétences : réalisations de dessins de presse, autocollants, mise en page d’un journal d’opposants… Autant de créations que les amateurs de bandes dessinées ont pu croiser sur les réseaux sociaux durant cette période.

Dans On ne la ferme pas !, Jahan raconte par le menu les différentes étapes de la mobilisation. On y trouve aussi bien un engagement solitaire du début, à l’enthousiasme du collectif qui arrive, face au fait d’être ensemble pour des actions d’agit-prop’, pour rédiger des communiqués, ou répondre à la police suite à une interpellation. On y voit aussi un peu de doute, et l’application de la realpolitik – tel dessin doit être « corrigé », tel slogan est jugé trop virulent, jusqu’à une demande de rapprochement avec La République en marche (avortée) — qui ne peut que déstabiliser.

Dans ce journal, Jahan revient avec sincérité sur toutes ces séquences, en se réjouissant des bons coups, tout en notant plusieurs échecs, mais jamais cela ne suffit à le dégoûter d’un engagement pour une cause juste. Il souligne avec une ironie mordante combien un maire qui se veut plus « Charlie » que Charlie est particulièrement vexé et procédurier contre des dessins caricaturaux. On y voit aussi combien un engagement en politique peut être coûteux, pour cet instituteur soudain attaqué sur sa probité sexuelle ou, moins grave, face aux lâchetés de libraires soutenus depuis des années qui refusent de prendre un petit ouvrage autoédité pouvant faire polémique.

En 2020, le maire est réélu après une campagne à laquelle le dessinateur prend part, jusqu’à se présenter sur une liste. Il décrit bien l’effervescence d’une campagne, sa rapidité aussi (même si celle de 2020 fut très particulière), qui tend à mettre tous les membres d’un projet se voulant participatif dans une lessiveuse. La défaite, brutale et nette, vient après des shots d’adrénaline.

C’est pour Déconfetti, fanzine en ligne né au temps du confinement, que Jahan est revenu sur cette histoire. Repris, complétés, les différentes séquences forment le récit global d’une lutte perdue. Ce choix a un risque : celui du défaitisme, qui ne point pourtant jamais à la lecture. L’auteur a beaucoup donné, et cela n’a pas payé immédiatement, il y aurait de quoi se décourager mais, en cette période où la peau des services publics est de plus en plus ouvertement menacée, le livre est plutôt une mémoire des luttes. Il présente à la fois un récit très subjectif et situé, et une méthode plus globale sur les mobilisations. À ce titre, malgré la triste fin de l’école Jean Jaurès, le lecteur veut, avec l’auteur, crier « On n la ferme pas ! », si ce n’est au Pradet, c’est ailleurs que le combat sera victorieux.

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