On n’est pas du bétail
Bande dessinée militante destinée à la jeunesse, On n’est pas du bétail utilise tous les codes de la BD de divertissement (de jeunes héros qui ressemblent à leur lecteurs et qui vivent une aventure sur 70 pages dans un volume cartonné en couleur) tout en assumant clairement un discours informatif contre la maltraitance des animaux et pour le veganisme. Ce projet est porté par un expert de la formation pour les ONG et un dessinateur engagé. Et son contenu est cautionné par une association de défense des animaux.
Si l’histoire aura du mal à convaincre un lecteur adulte, elle est suffisamment bien ficelée pour qu’on aille au bout de la lecture – si on est un peu curieux du sujet tout de même. La force du récit tient à ses personnages. En premier lieu à cet anti-héros qui aime la viande, est plus intéressé par les jeux vidéo que par l’école et qui lance à sa classe le défi de manger vegan, afin de séduire une fille… alors qu’il méconnait le sens du mot ! Un protagoniste qui sert bien la cause car les jeunes lecteurs s’identifient facilement et rient de bon coeur. En face, la militante de père en fille incarne une vegan consciente et activiste. Les adultes correspondent également assez bien à la réalité de l’époque : un prof ringard, une activiste engagée, une mère inquiète de modifier ses habitudes alimentaires, une directrice consensuelle et un youtubeur héroïque.
Dessiné dans un style classique à la ligne claire plutôt ronde par l’auteur de Un faux boulot et Rentre dans le moule, l’album possède un rythme narratif agréable mais l’enchaînement des situations est un peu trop artificiel.
En revanche, les fiches pratiques glissées ici ou là ne convaincront personne car elles sont trop rébarbatives pour être lues dans ce contexte. Ce qui prouve, si cela en était besoin, la supériorité du dispositif narratif par rapport à la documentation pure.
L’intérêt de cet ouvrage réside donc dans la possibilité d’entamer un dialogue sur le sujet, de sensibiliser à la cause de la défense animale et de déconstruire les idées reçues sur le veganisme. Seul, il ne fera sans doute pas basculer les habitudes alimentaires de ses lecteurs mais l’objet peut créer un débat en incitant chaque membre de la famille à le lire. Il fait, sans aucun doute, sa part du travail informatif. À recommander… pour le fond.
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