Depuis Zaï Zaï Zaï Zaï, prix des libraires 2016 et vendu à 170 000 exemplaires, Fabcaro a été propulsé du statut de dessinateur underground à celui d’auteur à la mode (avec son portrait dans Libé et tout). Un succès mérité qui ne change pas grand chose à son travail prolifique, et toujours hilarant et régulier comme un métronome, si ce n’est que depuis avril 2017, il a dessiné une planche par semaine pour les très branchés Inrocks. Ces gags courts qui, bien qu’actuels et s’inspirant du quotidien, ne sont pas non plus des dessins d’actu, ont été réunis dans un recueil, sous ce titre énigmatique d’Open Bar.

Fabcaro y dézingue joyeusement tout ce qui lui passe sous la main, à coup de cet humour pince-sans-rire et délicieusement absurde qu’on lui connaît. Parfois avec une franche moquerie, parfois pour l’amour de la blague, mais avec tout de même un penchant qui se confirme pour la persécution des bobos et autres tenants d’une gauche caviar, pour ne pas dire bien-pensants.

Un dessin volontairement très sobre pour accentuer le décalage de l’absurde, des personnages quasi immobiles et sans expression, des chutes à en tomber par terre (pardon) : rien de nouveau dans le Fabcaro. Mais la formule est toujours aussi bonne, et on est assuré de refermer l’album avec quelques francs « HAHA ! » résonnant encore au creux de l’estomac. Et en cette époque troublée, se fendre un peu la poire sans prise de tête, c’est important.