Ordures #1
Difficile de résumer ce premier tome sans gâcher le plaisir, car les auteurs plantent leur décor patiemment, imbriquant doucement les pièces qui conduisent au cliffhanger. Toute l’empathie qu’ils éprouvent pour leurs personnages se transmet immédiatement au lecteur. On se prend tout de suite d’affection pour Moudy et Alex, qui gagnent modestement leur vie au centre de tri d’ordures, et arrondissent les fins de mois en revendant aux puces les déchets encore en bon état. Mais les décharges sont l’apanage des Roms et il faut défendre ses trouvailles.
Dans ce contexte tendu, fait de galères qui s’enchaînent, on se demande quelle est la prochaine tuile qui va tomber sur les deux jeunes gens. On brûle d’autant plus de savoir la suite que les auteurs nuancent subtilement le portrait de leurs jeunes racailles. Ainsi lorsque Moudy en a ras-le-bol, il va se consoler dans les bras d’un garçon dragué dans un bar. Et il n’est pas facile d’être homosexuel quand on vit dans un foyer d’immigrés où dix personnes s’entassent dans une pièce et vous lancent des regards suspicieux. Ce n’est pas la rencontre avec Samir, vendeur de cigarettes de contrebande à l’entrée du métro, qui va arranger les choses.
Le très beau noir et blanc d’Olivier Cinna (Fête des morts) accompagne parfaitement le scénario : les ombres épaisses sont l’écho d’un avenir bien assombri, et le trait nerveux illustre l’énergie et la combativité des jeunes hommes déterminés à ne pas se laisser faire. Un premier tome d’exposition très bien mené par Stéphane Piatzszek (Tsunami) qui ne laisse jamais retomber le rythme. Comme dans une bonne série, on est à la fois séduit par les portraits qui nous sont brossés, et tenus en haleine par les rebondissements. Du beau travail !
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