Orignal
Adolescent introverti, Joe est surtout le souffre-douleur à l’école de l’affreux Jason: brimades, coups, vol, racket, humiliations… Incapable de s’en ouvrir à ses profs, à l’infirmière du collège ou à ses deux mamans, Joe tente de s’évader par la lecture du Seigneur des anneaux ou par des balades dans un bois enneigé. Où il croise un orignal, animal puissant et majestueux qui le sauvera de son tortionnaire…
Après Frangins et 520 km, Max de Radiguès délaisse son regard tendre sur l’adolescence pour un récit âpre et assez violent. Son antihéros – frêle, timide, maladroit – est une victime idéale, presque archétypale; son méchant est lui aussi une figure parfaite de la brute en milieu scolaire, avec la dose de perversité nécessaire. Mais le jeune auteur belge ne s’enferme pas dans une caricature, et propose un récit extrêmement cohérent, jusqu’à son final surprenant, qui laissera le lecteur se livrer à ses interprétations. Tiré de son fanzine Moose, Orignal a été complété d’une quarantaine de planches pour assurer le lien entre les scènes, mais aussi un équilibre entre bouffées d’air oniriques, moments de tension extrême, scènes intimes et crédibles, le tout par des changements de rythme parfaitement orchestrés. Avec cet album au trait fin et expressif, Max de Radiguès semble avoir franchi un cap créatif, ce qui laisse augurer de bien belles choses pour la suite.