Ornithomaniacs
Exception faite de la minuscule paire d’ailes qui affleure dans son dos, Niniche est une adolescente tout à fait ordinaire. Mais sa mère ne le voit pas de cet œil : convaincue que cette mutation est le signe d’un empoisonnement aux OGM, elle est résolue à faire de sa fille un phénomène médiatique, ce qui est loin d’enchanter celle-ci. Sur les conseils de sa meilleure amie, Niniche vient donc frapper à la porte d’un étrange professeur à tête d’oiseau, le priant de retirer ses ailes afin de pouvoir vivre normalement. Celui-ci refuse pourtant tout net de l’opérer : sous son apparence humaine, la petite est de toute évidence un oiseau, et il lui convient d’apprendre à voler de ses propres ailes…
Daria Schmitt (Acqua Alta, L’Arbre aux pies) peaufine ici son style déjà vintage en passant au noir et blanc. Malgré un synopsis intriguant, force est de constater que la poésie de cet album aux multiples influences a du mal à tenir sur la longueur, faute d’une intrigue prenante et crédible. Sans que le récit soit totalement confus, le mélange entre notre monde contemporain et les éléments fantastiques est finalement assez déconcertant, et les protagonistes, tous plus loufoques les uns que les autres, peinent à gagner en profondeur.
Heureusement, de très belles planches aux allures de gravures font oublier ce scénario un peu tiré par les cheveux. L’auteure, qui a passé trois ans sur cet album, a beaucoup étudié ses sujets à plume et les dessins d’artistes du tournant du XXe siècle, dont Arthur Rackham. Et cela se voit, tant Niniche et le bestiaire qui l’accompagne semblent tout droit sortis d’un conte à la Lewis Carroll, croisé avec une virée au Muséum d’histoire naturelle. Ce trait délicat est mis en valeur par une édition soignée, la jaquette de l’album se transformant même en affiche.
Un bel objet et des jolies planches qui satisferont donc peut-être ceux qui seront tentés par cette fable gothique et farfelue, qui se laisse lire à défaut d’être dévorée.
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