Oshi No Ko #1-2
Gorô est un drôle de médecin. Obstétricien d’apparence sérieuse, il est fan de musique pop et surtout des girl’s bands. Et plus précisément d’une chanteuse, Aï Hoshino, que lui a fait connaître une jeune patiente, décédée depuis. Fasciné, envoûté, hypnotisé par la starlette, il n’en revient pas quand elle débarque dans son cabinet pour… faire suivre sa grossesse ! Car Aï n’a que 16 ans, et devenir mère pour une chanteuse de sa catégorie, plus poupée pop pour gamines que diva mature, ça ne le fait pas en termes de communication et de bad buzz sur les réseaux. Mais c’est ainsi, Aï est enceinte de jumeaux. Et par un coup du sort dont seuls les mangas on le secret, Gorô se réincarne dans l’un des deux bébs d’Aï, avec sa pleine conscience d’adulte !
Le cerveau d’un adulte dans le corps d’un enfant, c’est un ressort classique de la BD japonaise, dans tous les styles. Du nostalgique Quartier lointain de Jiro Taniguchi au sentimental Second Summer never see you again, en passant par le musclé Tokyo Revengers, propulser un vieux dans les baskets d’un ado peut donner une dynamique intéressante. Là, le fait que soit un bébé – hormis quelques vannes faciles – n’a que peu d’intérêt, et d’ailleurs, les enfants grandissent assez vite au fil de ces deux premiers tomes. Car l’enjeu est ailleurs : Aka Akasaka (Kaguya-sama: Love is War) se sert de ce personnage incongru pour mieux dévoiler l’envers du décor du star system nippon, véritable machine à buzz et à cash, qui pressurise ses talents jusqu’à les broyer. Formatés, conditionnés, mis en concurrence permanente, et sous le feu des réseaux sociaux H24, ces ados artistes se privent de tout et surtout d’une vraie vie personnelle dans le seul espoir de grappiller un peu de célébrité. Si fugace, si futile, mais si addictive.
Sur les plateaux de télé réalité, dans les studios de tournage de série, sur les planches d’une salle de concert, ce manga étonnant dépeint, sous couvert d’une farce légère, un monde glauque et peu stimulant, qui ne fait pas grand cas de la créativité et de l’originalité artistique, et qui ne vit que pour contenter des fans décérébrés. Doté d’un dessin sobre mais solide, ce début de série accroche, non pas par son pitch idiot, mais par son rythme efficace et son ton froid et décalé. À suivre !
[OSHI NO KO] © 2020 by Aka Akasaka, Mengo Yokoyari / SHUEISHA Inc.
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