Où donc Shermy s’en est allé ? (Schizo #4) ***
Par Ivan Brunetti. Cambourakis, 15 €, février 2009.
Avec lui, le rire n’est jamais loin des larmes. Ivan Brunetti excelle à manier l’humour noir dans cet album grand format (38x28cm). Il s’autodésigne modestement comme « le plus grand humoriste américain vivant », mais reconnaît la supériorité de Schultz – créateur des Peanuts -, qu’il voit comme « le Brando de la BD ». Le second degré est constamment présent dans ces trente-deux pages ordonnées, grands damiers brassant désespoir et ironie.
Très pince-sans-rire, l’auteur excelle à restituer « l’horreur de vivre, tout simplement » – le titre d’une de ses pages. De la frustration engendrée par des enchères en ligne à l’apathie provoquée par un divorce, en passant par sa malchance sexuelle. Dans ce Schizo #4 (curieusement traduit en français par Où donc Shermy s’en est allé ?), Brunetti use de cases très colorées, glissant ça et là un crayonné ou une page en mode « trait blanc sur fond rouge ». Audacieux, mais pas trop. Son culot tient plus à sa façon de brocarder la dépression. Que ce soit la sienne, celle d’Erik Satie – collectionneur de complets de velours, parapluies et mouchoirs -, de Françoise Hardy ou Louise Brooks. Ses héros touchent le fond, mais remontent le moral du lecteur. Un beau paradoxe.
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