Quand Robert Kirkman délaisse ses zombies de Walking Dead pour rejouer L’Exorciste, le pari est excitant et les risques de se planter tout aussi grands. Mais ce premier tome d’Outcast confirme tout le talent du scénariste pour composer des personnages intéressants, dans leur fragilité et leurs doutes, dans un décor horrifique.

On suit ici un pasteur investi dans la chasse aux démons, passant des heures à tenter de les faire sortir du corps d’hommes, de femmes et d’enfants possédés. Mais la tâche est ardue et il s’adjoint les services d’un jeune homme reclus, ressassant un passé sanglant et une culpabilité lourde. Car ce dernier a déjà été confronté à des forces maléfiques et détient en lui, sans trop le savoir, une magie puissante…

La réussite de cet album tient en bonne partie à la progressive montée dans l’horreur, alimentée par des flash-back efficaces et jamais lourds. Mais aussi par le graphisme tranché de Paul Azaceta (B.P.R.D.), situé quelque part entre les ombres, entre Sean Phillips, Michael Lark et Paul Pope. Il donne corps aux différents protagonistes grâce à une ligne épaisse mais précise, et un usage malin des zones de noir. Ses séquences d’exorcisme en montrent juste assez pour rester terrifiante sans tomber dans le grand-guignol, et on se prend à frémir dès que le pasteur et son compagnon franchissent le seuil de la chambre d’un possédé.

Une belle réussite dans le genre, si compliqué, de l’horreur. En introduction, Robert Kirkman promet avec Outcast une très longue saga : on espère que la suite sera du même niveau.