Ouvrier #2
Bordeaux, 1942, une ville occupée. Jacques rentre de convalescence et retrouve les chantiers navals de Bacalan, réquisitionnés par l’ennemi. Entre travail, lectures et amitiés, la vie de Jacques continue malgré les privations, malgré l’Occupation. Et quand l’amour s’invite dans la vie du jeune ouvrier, ni le danger des bombardements alliés, annonçant la proche libération, ni l’absence de son frère tant aimé, Marceau, parti au STO, ne sont des obstacles.
Après le Jacques apprenti dans l’entre-deux-guerres (Apprenti, mémoires d’avant-guerre) et le Jacques ouvrier bordelais de 1939 à 1942, Bruno Loth continue de narrer avec talent et humilité la vie de son père, de 1942 à 1945. Sans narration alambiquée ou souffle historique touchant à l’épique, Bruno Loth dépeint la vie d’un homme ordinaire. Ce n’en est pas moins un homme complexe : exalté par son amour, inquiété par l’absence de son frère Marceau, questionné par son statut, par sa conscience de classe, lui, l’ouvrier lettré. Si la guerre est omniprésente, Jacques trace son chemin dans ces moments troubles : le danger est partout, l’arbitraire aussi (l’anecdote de la Kommandatur en est la preuve). Que faire en ces temps de guerre ?
Le trait est clair et les couleurs, à dominantes bleue et grise, symbolisent autant de nappes de souvenirs simples, heureux ou malheureux. Le rouge souligne souvent, de manière saillante, des sentiments forts : la peur liée à la présence nazie (brassards ou drapeau), l’amour avec la robe de Jacqueline lors de la virée parisienne ou encore le soulagement de la libération avec la troisième couleur du drapeau français.
Point d’acte héroïque, point d’acte fourbe. Jacques fut comme beaucoup de Français, un homme qui a tenté de vivre dignement en ces temps difficiles. Ce portait sans fioritures d’un homme au cœur bon est certainement le plus bel hommage qu’un fils pouvait faire à son père.
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A lire absolument … l’auteur est un maître dans ce genre
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