Au téléphone, il se dit fatigué mais déborde pourtant d’énergie. Surtout quand on aborde les blogs BD qui, à ses yeux, sont un support de communication hyper-créatif et dynamique ! Ce patron d’une boîte de graphisme souhaite depuis longtemps devenir auteur de bandes dessinées. Certes, son Fucking karma chez Paquet ne lui a pas apporté le succès. Cependant, Le Blog de Maé – où il raconte les bêtises de sa fille, une jolie tornade blonde – lui amène 6000 lecteurs par jour. Pour BoDoï, Pacco revient sur cette jolie réussite (disponible en librairies au printemps) et nous fait cadeau d’un beau dessin inédit !

Pourquoi avoir créé ce blog dédié à votre fille Maé ?
Tous les dessinateurs qui ont des enfants ont souhaité un jour croquer leur gamin. Un enfant est un incroyable véhicule d’humour et de tendresse. J’ai eu la chance de trouver un angle qui a plu aux lecteurs : comment le grand adolescent attardé que je suis élève sa fille ! Je suis resté sincère, quoi !

Les relations père/fille sont peu traitées en BD. Avez-vous rencontré un écho particulier auprès du public ?
En fait, plus qu’une relation père/fille, je raconte la vie de deux gamins. Je ne me pose pas en père solennel qui sait tout. Comme tout le monde, je me sens largué par rapport à ce bout de moi qui, en fait, m’est complètement étranger. Désormais, les parents s’assument comme les grands enfants qu’ils sont, mais assurent aussi leurs responsabilités.

Vos chroniques se déclinent en gags, en histoires courtes et en conseils ironiques sur la manière d’élever son enfant…
Il n’y a rien de plus drôle que de donner des conseils bidons aux parents ! Suivre les conseils qu’on nous donne est toujours impossible. Je préfère montrer que nous sommes tous dans la même galère et que nous rencontrons les mêmes difficultés. Mieux vaut les attaquer avec humour !

Encouragez-vous votre fille à faire des bêtises pour nourrir le blog ?
On voit que vous n’avez pas d’enfant… Un gamin est un générateur d’actions, il fait forcément des bêtises. Si j’en trouve autant, c’est sans doute à cause du regard que je porte sur ma fille. Elle a aussi ses moments de fragilité et de poésie, mais je ne les montre pas sur le blog. Parce que je ne saurais pas comment les aborder…

Pourquoi monter un blog et pas réaliser une BD ?
J’ai tenté d’en faire une bande dessinée. Quand j’ai découvert les blogs, j’ai vu en eux un formidable outil d’expérimentation et de progression. J’avais commencé des planches sur Maé et j’ai continué sur le blog de ma moitié, Sté. Puis j’ai dédié un site à Maé et j’ai tout de suite reçu de bons retours des lecteurs. Bien sûr, j’ai envoyé le projet aux éditeurs de la France entière sans rencontrer l’écho souhaité. Mais je ne voulais pas un 46 pages couleur. Ça aurait tué le produit, comme on dit dans le Sentier ! Mon propos dépasse le public de la BD traditionnelle. Je fais cette histoire pour ma fille et ma femme, et je ne voulais pas faire de concessions sur le livre final.  Avant le succès du blog, je n’étais pas « bankable » et je ne pouvais pas imposer ma vision du livre. Depuis cet été, six éditeurs ont souhaité publier Le Blog de Maé. Il sera finalement publié chez Marabout, au format d’un petit livre de 150 pages, avec des dessins inédits et en couleur [dont vous pouvez voir ici des extraits – cliquez pour les agrandir].

Combien de visiteurs avez-vous ? Et qui sont-ils ?
6 à 8 000 internautes viennent me lire tous les jours. Le nombre de visiteurs comptait beaucoup pour moi jusqu’à ce que je passe la barre des 2 000. Depuis, je sais que plein de gens suivent mon travail, et cela me suffit. Pendant longtemps, j’ai cru que le net était un truc de mecs. Avec Le Blog de Maé, je me suis aperçu qu’il appartenait aussi à la ménagère de moins de 50 ans. Plein de nanas de 25 à 35 ans sont venues suivre Maé, et ça a explosé. Maintenant même des gamins de 17 ans me lisent !

On vous sent très attaché au support blog.
Les blogs représentent à mes yeux la grande révolution de la BD. Je compare ce phénomène à celui des radios libres dans les années 80. Une créativité de fou s’est déclenchée ! N’importe qui peut se lancer, progresser et avoir des retours des lecteurs ! Le fait de ne pas gagner d’argent par ce média offre une grande liberté de ton. Grâce à mon site, je suis rentré en contact avec la blogueuse Margaux Motin et nous sommes devenus copains comme cochons. Je lui dois une grande part de ma progression ! Rien dans l’édition BD ne me rend frénétique comme le rendez-vous quotidien sur les blogs de Margaux Motin, Pénélope Bagieu ou Boulet. Qu’est-ce qui se fait de génial en BD maintenant qu’on a digéré Trondheim et Larcenet ? De la même manière que les séries me font désormais plus délirer que les films, je préfère suivre les blogs aux bandes dessinées classiques !

Propos recueillis par Allison Reber

Le blog de Maé : www.mae-bd.fr

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