Panorama
Dans un ville vertigineuse, sale et hostile, Augustus fuit. Son ombre, son destin, sa propre folie ? Un peu tout cela. Car il est atteint d’un curieux et violent syndrome, qui fait muter son corps. L’étire, le multiplie, le contorsionne, et lui donne une force colossale mais assez incontrôlable. Il est donc à la fois un danger pour autrui, mais une proie facile pour les profiteurs de bizarreries. Heureusement, son amoureuse Kim ne le laissera pas tomber…
Belle surprise que ce one-shot de Michel Fiffe (Copra), déniché par les éditions Delirium. À la croisée des chemins entre histoire de super-héros (à grands pouvoirs, grands bouleversements), BD alternative sur la quête de repères de jeunes adultes et délire body-horror que ne renierait pas une frange du manga, Panorama se forge page après page son identité propre. Barrée, imprévisible, gore mais attachante. Caustique, un peu nihiliste par moments, mais aussi très drôle dans sa propension à ne jamais faire dans la demi-mesure, et par ses clins d’oeil au vaudeville et à la romance. Et ce dessin ! Exubérant, foutraque, dégoûtant, tendu comme si la plume obéissait à une entité qui aurait pris possession de l’auteur, et parfois faussement bancal pour susciter le malaise.
Quelque part entre Terry Moore (Strangers in Paradise, Echo, Rachel Rising…), le manga Parasite, l’irrévérence d’un Preacher, la fausse insouciance d’un Love & Rockets, la liberté de ton lorgnant l’absurde d’un Stray Bullets, cet album inclassable repoussera les âmes sensibles et retournera la tête des amateurs de ce fantastique qui fait rire plutôt que peur. Mais un rire pas rassuré quand même…
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