Parenthèse patagone
« Un million cent quarante mille cinq cent trente-deux kilomètres carrés, sur lesquels s’étirent la Cordillère des Andes, la pampa herbeuse, des forêts primaires, des glaciers, et une côte pacifique morcelée, craquelée, émiettée en milliers d’îles, îlots, archipels, fjords et canaux inhabités. » De sa belle écriture régulière, Aude Picault (Fanfare) pose le décor du voyage inhabituel qu’elle va entamer avec son compagnon : une croisière sur un voilier, avec un couple inconnu, sur les canaux de Patagonie. La narratrice fait connaissance avec Jean-Yves et l’abrupte Sandrine, donc ; découvre des paysages étonnants, merveilleux ; marche précautionneusement sur des mousses rares ; observe des lions de mer ; goûte des crabes royaux ; subit la neige, la pluie, la grêle, l’enfermement de longues heures durant dans sa cabine pour cause de météo déchaînée…
De façon didactique mais jamais pesante, l’auteure trace quelques lignes de l’histoire des lieux, rappelle souvent, carte à l’appui, où se trouve le bateau. Le lecteur n’est jamais perdu, oublié dans ce voyage qu’il fait agréablement par procuration. Surtout, les beaux paysages colorés happent l’oeil, faisant presque regretter qu’ils n’occupent pas davantage de pages, sur un format plus généreux. Courte, cette Parenthèse (son titre ne ment pas) bénéficie d’un ton sobre, à peine humoristique, parfois quasi poétique. Un brin frustrante — sa brièveté ! —, elle parvient toutefois à nous emmener loin, bien loin.
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