Pascal Rabaté adapte ses "Petits Ruisseaux" sur grand écran
Si l’on relit Les Petits Ruisseaux de Pascal Rabaté avant de découvrir leur adaptation (par leur auteur) au cinéma, l’effet est saisissant : en salle obscure, on assiste à une mise en images très fine, d’une fidélité exemplaire. Le spectateur découvre avec plaisir des personnages simples et vibrants, qui se débrouillent admirablement de la vieillesse et de la morosité. Dans la peau d’Emile – un retraité rural qui redécouvre les plaisirs charnels lorsque son meilleur ami meurt -, Daniel Prévost offre un jeu d’une grande sobriété. Exempt de lourdeurs mais lesté de douceur, le film comporte par rapport au livre quelques scènes supplémentaires (un bal, une escapade au salon de thé) qui permettent de creuser un peu les personnages. A l’occasion de la sortie de son premier long-métrage, Pascal Rabaté revient pour BoDoï sur son passage officiel au septième art.
Pourquoi avoir tiré un long-métrage de votre bande dessinée ?
Parce qu’on me l’a demandé ! En 2006, le bouquin avait été bien reçu par le public et la critique. Trois semaines après sa sortie, j’avais reçu la proposition d’un réalisateur, qui en avait acheté les droits. Mais il est décédé avant que le film ne soit fait. Quelques mois plus tard, deux producteurs – Xavier Delmas et Jean-Louis Livi – m’ont approché. Je leur ai posé une condition : ma participation à l’écriture.
Quelle était votre motivation ?
Le cinéma m’intéresse depuis longtemps, j’en avais fait aux Beaux-Arts. Et j’ai déjà réalisé deux courts métrages [Les Beach Boys de la plage en 1996 et Chouette Zidane en 2000, avec Angelo Zamparutti] et un moyen-métrage. J’ai envoyé aux deux producteurs ce dernier, Cavaliers faciles, une sorte de Easy Rider montrant deux chômeurs qui traversent le Maine-et-Loire en mobylette et voiture sans permis… Ils m’ont rapidement rappelé, en me proposant la réalisation des Petits Ruisseaux. J’ai dit oui tout de suite ! J’aime le cinéma autant que la bande dessinée, pour des raisons différentes. En BD, on peut tout faire tout seul, sans rien devoir à personne. Tandis que pour réaliser un film, il faut une équipe, chacun amène des compétences, des nuances. On effectue un travail commun de construction.
Comment s’est passé le tournage?
Il m’a occupé pendant une année : trois mois d’écriture, six semaines de préparation, six semaines de tournage, et quatre mois de montage. Je suis resté dans les clous du scénario BD, en gardant la majorité des dialogues – qui sont finalement moins nombreux dans le film que dans le livre ! J’ai beaucoup travaillé sur la profondeur des champs, pour obtenir des plans qui respirent.
En racontant une histoire pour la seconde fois, n’avez-vous pas eu le sentiment de vous répéter ?
Non, car j’ai utilisé une autre langue, d’autres mots. J’ai pu ciseler les silences entre les phrases, chose que la bande dessinée permet moins aisément de faire, puisque le rythme de lecture appartient au lecteur.
Quelle part avez-vous pris dans la sélection des acteurs ?
J’ai choisi les comédiens principaux. Daniel Prévost m’avait estomaqué dans Uranus. Il possède une palette de jeu impressionnante et rare, même s’il est habituellement rangé dans la case du comique de service. Pour moi, il est de la même trempe qu’un Michel Serrault.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours de cette aventure ?
Etant de nature plutôt optimiste, rien ne me paraît insurmontable. Bien sûr, j’ai été régulièrement à la bourre. Mais j’ai tenu bon. Mon corps, lui, a lâché dès que le mixage a été terminé : je me suis fait un lumbago et j’ai eu un zona…
Quels sont vos projets ?
J’enchaînerai en août un nouveau tournage comme réalisateur : il s’agit de Ni à vendre, ni à louer, une comédie chorale et burlesque que j’ai écrite, presque muette et à tendance « Jacques Tati punk ». On y verra plusieurs couples d’ouvriers partir au bord de la mer pour un week-end. Cette année, je n’aurai malheureusement pas de temps pour la bande dessinée. Mais je compte bien m’y remettre après ce film, pour ne pas tomber cintré. Je préparerai un album avec David Prudhomme, sur les jardins ouvriers.
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Les Petits Ruisseaux.
Film de Pascal Rabaté, avec Daniel Prévost, Bulle Ogier, Hélène Vincent, Philippe Nahon, Julie-Marie Parmentier… Durée: 1h34.
En salles le 23 juin 2010.
Photos © Ad Vitam Distribution.
Les Petits Ruisseaux.
Par Pascal Rabaté.
Futuropolis, 15,90€, mai 2006.
Achetez Les Petits Ruisseaux sur Amazon.fr
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Je viens de voir le film de Rabaté et je tenais à féliciter son auteur et à le remercier. Car j’ai vraiment passé un excellent moment en sa compagnie! Le thème est original, mais fort et universel, car il peut concerner chacun d’entre vous, à terme. Un aimable retraité veuf (excellent Daniel Prévost) vit avec ses petites habitudes, mais dans une grande solitude. Il apprend par hasard qu’un de ses compagnons de pêche même une vie artistique (tableaux de nus, à partir des pages centrales de Play-Boy). Le décès inopiné du peintre libertin (qui a un crétin de fils!!) l’amène à rencontrer une de ses « amies », et il redécouvre l’Amour… avec une autre, et après un intermède avec une charmante « baba cool hyppie » adepte du naturisme, et attirée par les hommes d’age mûr.
Il n’y a aucun voyeurisme malsain là-dessous (même si Daniel Prévost a tendance à déshabiller du regard les femmes qu’il croise!!), au contraire le film est plein de fraîcheur, d’humour et de tendresse. Il fait partie de ces films d’où l’on ressort heureux et comblé. JE RECOMMANDE! En attendant d’aller m’offrir la BD originale, source de ce très bon film que j’avais négligé lors de sa sortie, honte à moi!! -
Je viens de voir le film de Rabaté et je tenais à féliciter son auteur et à le remercier. Car j’ai vraiment passé un excellent moment en sa compagnie! Le thème est original, mais fort et universel, car il peut concerner chacun d’entre vous, à terme. Un aimable retraité veuf (excellent Daniel Prévost) vit avec ses petites habitudes, mais dans une grande solitude. Il apprend par hasard qu’un de ses compagnons de pêche même une vie artistique (tableaux de nus, à partir des pages centrales de Play-Boy). Le décès inopiné du peintre libertin (qui a un crétin de fils!!) l’amène à rencontrer une de ses « amies », et il redécouvre l’Amour… avec une autre, et après un intermède avec une charmante « baba cool hyppie » adepte du naturisme, et attirée par les hommes d’age mûr.
Il n’y a aucun voyeurisme malsain là-dessous (même si Daniel Prévost a tendance à déshabiller du regard les femmes qu’il croise!!), au contraire le film est plein de fraîcheur, d’humour et de tendresse. Il fait partie de ces films d’où l’on ressort heureux et comblé. JE RECOMMANDE! En attendant d’aller m’offrir la BD originale, source de ce très bon film que j’avais négligé lors de sa sortie, honte à moi!! -
Je viens de voir le film de Rabaté et je tenais à féliciter son auteur et à le remercier. Car j’ai vraiment passé un excellent moment en sa compagnie! Le thème est original, mais fort et universel, car il peut concerner chacun d’entre vous, à terme. Un aimable retraité veuf (excellent Daniel Prévost) vit avec ses petites habitudes, mais dans une grande solitude. Il apprend par hasard qu’un de ses compagnons de pêche même une vie artistique (tableaux de nus, à partir des pages centrales de Play-Boy). Le décès inopiné du peintre libertin (qui a un crétin de fils!!) l’amène à rencontrer une de ses « amies », et il redécouvre l’Amour… avec une autre, et après un intermède avec une charmante « baba cool hyppie » adepte du naturisme, et attirée par les hommes d’age mûr.
Il n’y a aucun voyeurisme malsain là-dessous (même si Daniel Prévost a tendance à déshabiller du regard les femmes qu’il croise!!), au contraire le film est plein de fraîcheur, d’humour et de tendresse. Il fait partie de ces films d’où l’on ressort heureux et comblé. JE RECOMMANDE! En attendant d’aller m’offrir la BD originale, source de ce très bon film que j’avais négligé lors de sa sortie, honte à moi!! -
Pour info, Rabaté a réalisé la couverture de l’excellent ouvrage « Les nouveaux Pieds Nickelés » chez le petit éditeur Onapratut
http://onapratut.free.fr/publi.php?publi=pn -
Pour info, Rabaté a réalisé la couverture de l’excellent ouvrage « Les nouveaux Pieds Nickelés » chez le petit éditeur Onapratut
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