Par Brice Bingono et Eric Corbeyran. Soleil, 9,90 €, mars 2011.

Le pirate est à la BD des années 2000 ce que le serial killer a été au cinéma des années 1990: une source en apparence inépuisable de fictions, qui finissent toutefois par s’annihiler entre elles. De loin, trop semblables, et de près, trop ternes. Car ce personnage haut en couleurs et propice au fantasme d’aventures et de liberté est finalement souvent coincé dans une banale chasse au trésor. Alors, hormis quelques vraies bonnes surprises (classique, féministe ou littéraire), on doit se contenter d’histoires prévisibles avec carte mystérieuse, île hostile et coups bas. C’est le cas avec ce tristounet Pavillon noir.

Voici donc une bande de pirates chevronnés (un vieux loup de mer secret, une guerrière perverse, une grosse brute) sur la trace d’un hypothétique trésor, et qui affronte un énorme monstre, une tribu indigène, des mystères et des mensonges à la pelle. Difficile alors d’être fasciné par un récit si peu original, dont les rebondissements se voient à des kilomètres et sans longue-vue, et dont les personnages ne sont que des archétypes fatigués. Seules les blagues potaches détonnent, mais ne suffisent pas à faire la différence. Côté dessin, c’est à peine mieux: si le découpage est plutôt efficace et les protagonistes bien campés, on regrette un certain flottement dans les scènes d’action et une mise en couleurs chargée et baveuse. Malgré une politique tarifaire attractive (moins de 10 € pour lancer la série), on investira donc ses sous ailleurs.

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