Peacemaker #1 ***
Par Ryuji Minagawa. Glénat, 7,50 €, le 21 septembre 2011.
6 volumes parus au Japon (série en cours).
Les duels au soleil sont des marques de fabrique typiques des westerns, mais aussi des histoires de samouraïs ! Qu’importe la géographie, la politique, ou un passé tumultueux et guerrier, au final, la culture populaire peut s’affranchir de nombreuses frontières. Car si le film de samouraïs est un genre « nationalisé » et quasi exclusif au Japon (à ne pas confondre avec le Wu Xia Pan, films de sabres exclusivement chinois), le western est au contraire un genre international exploité aussi bien aux États-Unis, qu’en Italie, Espagne, France, et même en Russie. Rien d’étonnant finalement à ce que ce genre trouve une nouvelle déclinaison… au Japon !
Pourtant, le genre même du western n’est pas très exploité là-bas. On se souvient du cataclysmique Belle Starr (Delcourt), une série interrompue en France mais qui nous réservait dans son édition originale un final grandiose où un train déraillait et réduisait en allumettes une ville entière. On peut aussi s’arrêter sur le sympathique Go West (Taifu Comics), où encore le rigolo Et Cetera (Glénat).
C’est d’ailleurs chez ce même éditeur que vient de sortir ce qui est peut-être le meilleur western made in Japan de ces dernières années ! Avec Peacemaker, l’auteur vétéran et touche-à-tout Ryuji Minagawa (Arms, Striker) nous invite dans un récit mâtiné de steam punk, d’enquête policière, et de buddy movie savamment orchestré. Un univers où les duels entre pistoleros sont les nouveaux jeux du cirque d’une population abusant parfois de ses droits à posséder une arme par habitant. Fils du célèbre Peace Emerson, Hope a hérité de la redoutable technique du « spot burst », afin de tirer telle une mitrailleuse avec un simple six-coups ! Redoutable duelliste, Hope n’en est pas moins… un nonchalant pacifiste, exécrable joueur de poker de surcroît. Il sera bien malgré lui entraîné dans une sale histoire de fausse monnaie qui le conduira peut-être à affronter un de ses plus vieux ennemis…
Avec son dessin ultra détaillé, ses ennemis aussi originaux que charismatiques, Peacemaker est un véritable « film de papier », où l’auteur réussi même à mettre en scène de somptueux ralentis lors de duels homériques ! Hope évolue ainsi dans un far west hollywodien que n’aurait pas renié John Ford, parcourt des villes imaginaires propices à de fulgurants duels à la Sergio Leone, et découvre une armurerie semblant sortir d’un épisode TV des Mystères de L’Ouest (Wild Wild West) ! Servi comme dans un bon saloon, Peace Maker est au final un savoureux cocktail parfaitement dosé, et qui vous invite à reprendre un nouveau verre pour les prochaines aventures de Hope.
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