Cuba, 1958. Alors que la guérilla castriste gagne du terrain, le pouvoir de Battista tente de maintenir les apparences. Luxe, soleil et liasses de dollars ont encore cours, mais pour combien de temps? Le meurtre d’un Américain lié au truand Santo Trafficante et la disparition de sa mystérieuse va chambouler le milieu politico-mafieux local et entraîner le jeune Joaquin, frère du révolutionnaire coupable de l’homicide, dans une course-poursuite haletante…

Porté par la ligne claire léchée et pleine de charme de Philippe Berthet (Pin up, Nico…), voilà un polar à l’ancienne d’excellente facture, un de ces albums fédérateurs qu’on lit d’une traite avec un franc plaisir. Le scénario de Régis Hautière (Yerzhan, Abélard, Accords sensibles…) réussit en effet à gérer l’équilibre entre toile de fond historique solide sans être pesante, personnages-archétypes familiers mais efficaces (le jeune naïf, la femme fatale, le truand impressionnant…), décor exotique et rebondissements rythmés. Dans un style très carte postale, résolument charmeur, les ambiances de nuit moite et le parfum de l’air marin sont joliment rendus, notamment grâce aux chouettes couleurs de Dominique David. Alors, même si on n’est jamais vraiment surpris, on ne s’ennuie pas une seconde dans ce feuilleton tropical en deux tomes, qui prend dans sa dernière partie le chemin d’un road-movie à l’américaine. Dont, forcément, il nous tarde de connaître l’issue.