Peter Pan de Kensington



“Tous les enfants, sauf un, grandissent.” C’est par ces mots que commence le roman de James Matthew Barrie Peter et Wendy, publié en 1911 et adapté de sa pièce Peter Pan, ou le garçon qui ne voulait pas grandir (1904). L’éternel enfant, capable de voler, devenu symbole d’évasion et d’aventure au fil des adaptations en film, en dessin animé et en bande dessinée, apparaît pour la première fois dans un roman moins connu, Le Petit Oiseau blanc (1902). Au fil de plusieurs chapitres enchâssés dans un autre récit, l’auteur écossais y compose une mythologie des jardins londoniens de Kensington, ses fées, ses oiseaux et autres créatures ne sortant qu’à la nuit tombée, une fois les humains partis du parc. Parmi eux, Peter le garçon magique, qui s’est envolé juste après sa naissance, pour échapper à sa condition humaine – et ne pas grandir. Un jour, Maimie, une petite fille, se retrouve bloquée dans Kensington Gardens après l’heure de fermeture ; le jeune Pan prend sous son aile ce personnage précurseur de Wendy Darling.
C’est ce passage du Petit Oiseau blanc que José Luis Munuera a librement adapté pour créer un bel album, tour à tour amusant, onirique et inquiétant. Cette aventure nocturne tourne autour de deux quêtes : pour Maimie, rentrer à la maison en évitant les pièges qui se dressent entre elle et la sortie du jardin et en retrouvant un mystérieux dé à coudre ; pour Peter, s’amuser le plus longtemps possible.
Sous la plume de Munuera, le Pan de Kensington se mêle à celui du Pays imaginaire, sale gosse joueur, affabulateur, malicieux et entêté ; la reine Mab, souveraine des fées, est une jumelle de la reine Victoria ; le corbeau Salomon, compagnon de Peter, s’efforce de guider les deux enfants ; des arbres intimidants s’éveillent dans la nuit, prêts à transformer l’intruse en compost… L’auteur espagnol s’inspire de Shakespeare et du folklore anglo-saxon, des illustrations de Rackham et des caricatures de l’ère victorienne comme de l’esthétique de Disney. Si le design des personnages pâtit de cette somme d’influence, Munuera sait, grâce aux couleurs et à un soin particulier apporté au décor, créer un univers à l’atmosphère envoûtante. Il réussit, à partir d’un matériau fragmenté, à faire la synthèse de tous ces éléments pour construire un récit presque aussi grisant qu’une pincée de poussière de fée.
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Un Peter Pan comme je ne le connaissais pas. Mais j’ai trouvé cet album très intéressant. J’ai beaucoup aimé le graphisme
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