Peter Pank
Peter Pank, c’est un peu Tintin chez les Sex Pistols : une belle ligne claire au service d’un propos punk et bien trash. Ici, les enfants perdus sont des rakailles défoncées à la colle, les sirènes de dangereuses nymphomanes, et les pirates des rockers arborant une banane digne d’Elvis. Klochette porte des résilles trouées et une belle tignasse décolorée. Quant à Peter Pank, il ne chasse pas les Indiens, mais les hippies. Drôle, déjantée et érotique, cette version revisitée du Peter Pan de Walt Disney est parfois lourdingue (notamment dans certaines scènes de fesse) mais toujours loufoque, inventive et bourrée d’énergie.
Les éditions Rakham ont réuni dans cette anthologie de 168 pages, traduite avec soin, les aventures de Peter Pank, prépubliées à l’origine dans la mythique revue El Vibora. Ce mensuel BD à la durée de vie enviable (1979 à 2005), était l’un des fers de lance de la BD pour adultes espagnole et underground, un représentant de la Linea Chunga (ligne rigolote) par opposition à la ligne claire. Max est un digne représentant de ce mouvement. Si sa ligne est pure, c’est pour mieux servir les pires détournements. Torturé, pendu, tondu, Peter Pank est réincarné en zombie, avant d’être remplacé par son ombre. Max n’hésite pas à jouer avec la vie de son héros et avec les codes graphiques. Derrière l’ambiance foutraque et délurée se cachent les relents amers et désespérés du No Future. Plonger dans ce délire est une expérience conseillée. Au moins pour découvrir comment Klochette et Peter Pank s’envoient en l’air.
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