Petite Frappe
Jon a tout du petit con. Arrogant sur les terrains de foot où il excelle, pénible avec sa grande soeur et tête-à-claques avec ses parents, cet ado est en pleine quête de repères et de limites. Lui qui se pensait (ou pensait-on pour lui) fan de ballon rond et professionnel en devenir, a plutôt la tête aux filles – bien plus compliquées à comprendre qu’un gardien de but – et à la musique…
En cette période pré-Mondial au Brésil, et à la vue du titre et de la couverture, on imaginait Petite Frappe comme une BD sur le football et ses hommes, une comédie sportive avec le regard sensible et drôle propre à l’écrivain François Bégaudeau. Or, il ne s’agit pas du tout de cela. Ce one-shot à l’ambiance douce et agréable est bien une histoire d’adolescence, de ce moment crucial (souvent décrit en bande dessinée) où le petit garçon grandit, délaisse ses jouets et s’aventure dans le monde des grands. Un monde terriblement excitant, mais aussi carrément flippant. Outre un décor original – le sport n’est guère exploité en BD –, ce qui séduit ici c’est le rythme syncopé du récit, fait de petites saynètes du quotidien qui s’imbriquent parfaitement les unes dans les autres, pour former un ensemble cohérent tout en légèreté. On sent ici la patte d’un scénariste non spécialiste du 9e art, qui se permet donc des tentatives narratives pas révolutionnaires mais intéressantes. Déjà entrevu dans le décevant Mâle occidental contemporain, ce style d’écriture est en net progrès ici. Et au dessin, on retrouve avec plaisir le trait expressif et tout en souplesse de Grégory Mardon (Le Dernier Homme….), en forme et bien en phase avec le sujet. Petite Frappe est donc une vraie bonne surprise, sur toute la ligne.
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