Petite revue de presse subjective #22
Tardi dans la boue
Le journaliste de Libération Christophe Forcari a suivi Jacques Tardi lors d’une visite de ce qui reste des champs de bataille de la guerre de 14-18, dans la baie de Somme. En effet, les travaux de l’auteur de Putain de guerre sont exposés actuellement à l’Historial de la Grande Guerre à Péronne. Tardi s’intéresse aux détails, aux faits peu connus de la guerre, à la vie quotidienne des soldats dans les tranchées. «Regarde ce soldat, en arrière-plan, avec le menton posé sur ses mains croisées. Il a l’air peinard, non ? Voilà, c’est ça qui m’intéresse, inventer une histoire à partir des personnages qui se trouvent à l’arrière-plan. On a envie de le faire vivre. Il faut avoir arpenté certains lieux, grimpé certaines côtes pour comprendre que le soldat qui grimpait un raidillon avec ses vingt à vingt-cinq kilos d’équipement et son fusil, ne pouvait pas se tenir comme un comique troupier. Comment marchent les hommes quand la boue les aspire ?» Un chouette reportage à lire ici.
Le film Peter Pan se dévoile tout doucement
Soyez attentifs, voici un teaser super-méga-court du film de Nicolas Duval, inspiré de la relecture de Peter Pan par Régis Loisel. Bon, c’est pas hautement excitant comme extrait car on ne voit pas grand-chose, mais quatre autre teasers devraient suivre selon Wartmag. Le film de 10 minutes, sobrement intitulé Peter, devrait être visible dans quelques mois et doit servir de pilote de luxe pour convaincre des producteurs d’investir dans un long-métrage…
Sauvez la maison de Superman !
« À grand pouvoirs, grandes responsabilités », disait Spider-Man. Mais ne pas avoir de pouvoir ne veut pas dire qu’il faut se tourner les pouces. C’est un peu le slogan du romancier américain Brad Meltzer (The Book of lies) qui, quand il a découvert que la maison de Jerry Siegel, le co-créateur de Superman, tombait en ruines, a mobilisé la communauté des fans autour de lui. Il a fondé l’association et le site du même nom Ordinary people change the world et a réuni plus de 100000 $ pour retaper la fameuse baraque de Cleveland, nous raconte Newsarama. Si vous avez des travaux à faire et que vous ne pouvez pas blairer Valérie Damidot, Brad et ses potes sont là (si vous avez des projets plus nobles aussi, hein).
De la poésie en bande dessinée
David Turgeon et sa belle plume érudite explorent sur le site du9 la notion de « poésie » en bandes dessinées, à partir de l’exemple de l’auteur Charlie Schlingo, souvent affublé de l’épithète « poète » ces derniers temps. Il tente alors de dépasser ce terme passe-partout et de forger une théorie plus fine, celle du « degré moins un », c’est-à-dire ni second, ni zéro. « C’est le chiffre de l’écriture en négatif, qui retourne l’œuvre sur elle-même: une trame faite de détails sur fond de bruit narratif. », écrit David Turgeon, qui précise que le « degré moins un » s’applique aussi à la lecture. Il conclut: « De la même manière que l’on peut lire n’importe quel texte au degré moins un, il est tout autant permis, pour le lecteur, de lire une quelconque œuvre «poétiquement», peu importe qu’elle soit ou non prévue pour ça. La poésie provoque au fond une lecture proche du degré moins un: elle est aussi une écriture de l’exploration intérieure, du dépucelage des signes. Son esthétique est différente mais au bout du compte, elle implique le lecteur d’une manière tout aussi profonde. »
Migrants oubliés, migrants dessinés
La journaliste Sabrina Kassa a ouvert un blog il y a quelques mois pour rendre compte de la vie des migrants qui squattent dans un square parisien à côté de chez elle. Une façon d’interpeller l’opinion et les autorités sur un problème qui dure et auquel personne n’apporte de solution. Télérama l’a suivie dans son reportage de voisinage, et Pierrick Allain y a apposé ses dessins.
La phrase de la semaine
OK, on vous en déjà parlé en longueur cette semaine, mais c’est vraiment trop drôle (avec le recul). La présentation à la presse du Musée Hergé a été un fiasco médiatique, la moitié des journalistes présents ayant fait un mauvais papier en raison de la restriction de prises de vues (photos et vidéos) à l’intérieur des salles d’exposition. Sur le site Tintin.com, on a pu lire une réaction officielle de Moulinsart et des responsables du Musée à toutes ces attaques, dont on vous a déjà tiré un extrait. Mais on ne résiste pas à vous en citer un autre: « Les organisateurs ne peuvent que regretter le suivisme de certains médias, accordant plus d’importance à la mauvaise humeur de quelques confrères de la presse audiovisuelle qu’à la visite du Musée que certains refusèrent même d’effectuer. On remarquera, avec tristesse, que les intéressés n’ont pas voulu accorder le moindre crédit aux arguments des organisateurs. » J’en ris encore!
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