Petite revue de presse subjective #5
Littérature / Bande dessinée, le grand amour ?
« Le domaine des adaptations littéraires en BD est en fait à l’image du paysage actuel de la bande dessinée, c’est-à-dire pléthorique et inégal », écrit la journaliste Anne-Claire Norot dans Les Inrocks de cette semaine. Elle choisit donc de faire un tri sévère et de se concentrer sur Les Chambres du cerveau, de Laurent Maffre d’après Stevenson, le plébiscité Tamara Drewe, de Posy Simmonds, librement inspiré d’un roman de Thomas Hardy, et la série de Stéphane Heuet, À la recherche du temps perdu, d’après Proust.
Les trois auteurs-adaptateurs expliquent leur démarche: Posy Simmonds trouve rassurant d’avoir sous la main la structure d’un roman, pour mieux s’en défaire; Stéphane Heuet revendique sa fidélité à Proust, mais surtout à sa propre lecture de Proust; et Laurent Maffre se focalise sur l’expérience que doit vivre le lecteur, qui doit être la même dans l’oeuvre d’origine et dans l’adaptation.
Télé / Bande dessinée, le grand amour (bis) ?
Chaque mois semble apporter son lot de projets d’adaptation de séries télé en bandes dessinées. Kaameloott et bientôt Plus belle la vie en France, peut-être Pushing daisies ou Veronica Mars aux États-Unis. Mais l’info de la semaine concernait un processus inverse: le comic Fables pourrait devenir une série télévisée, produite par Warner Bros. Son créateur, Bill Willingham est interviewé à ce propos par Newsarama. Il s’enthousiasme de cette possible adaptation, mais reste prudent et défenseur de son bébé: « Même si ce pourrait être la plus grande épopée jamais diffusée sur le petit écran, Fables restera toujours et d’abord une bande dessinée. »
Langue française / Bande dessinée, le grand divorce ?
Encore une fois, la bande dessinée est montrée comme un médium idiot et qui rend idiot. Ces vieilles idées ont la vie dure, et c’est sous la plume de Claude Duneton, spécialiste des langues anglaise et occitane, qu’elles rejaillissent cette semaine dans Le Figaro. « Les bofs, brifs, et broufs des bandes dessinées, non plus que l’ignorance laborieuse de l’orthographe ne mènent pas très loin – on le voit tous les jours sur le marché du travail. L’expression libre, sans règles, sans grammaire, sans chevilles ni boulons, conduit au mutisme des faibles, à la frustration de tous, sans parler d’une navrante banalité. » On peut défendre la langue française et la pratique de la traduction littéraire, comme le fait très bien l’auteur de cet article, mais il faut arrêter de mettre sur le dos de la bande dessinée le prétendu bas niveau en grammaire des élèves et leur soi-disant difficulté à trouver un boulot. On entend tout et n’importe quoi sur la BD depuis 50 ans, il est peut-être temps que ça cesse.
La phrase de la semaine
Cette semaine, c’est le dessinateur Luz qui s’illustre par son franc-parler. Interviewé dans Les Inrocks par Pierre Siankowski, l’auteur de Quand deux chiens se rencontrent, livre d’humour croquant des canidés se reniflant le derrière, balance: « Un jour, une copine à moi m’a dit que je regardais plus le cul des chiens que celui des filles. » Luz, dessinateur de Charlie Hebdo, s’exprime également sur l’arrivée récente de Siné Hebdo dans les kiosques: « L’arrivée de Siné Hebdo a créé une énergie précieuse. On a perdu quelqu’un que j’estime, un collaborateur important du journal, mais on a gagné une concurrence à un moment où Charlie ronronnait peut-être un peu. »
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