Par Aisha Franz. Çà et là, 17 €, le 13 avril 2012.

Trois femmes en quête de repères et d’amour. Ce sont les héroïnes de cet épais premier album d’une jeune auteure allemande, qui met en scène avec sobriété le quotidien d’une mère et de ses deux filles. La première, dépressive et seule (le papa est sans cesse parti pour le boulot), ressasse le choix qu’elle a fait voilà des années; un choix qui l’a menée dans les bras de cet homme absent et à devenir une mère de famille aux rêves évanouis. Ensuite, il y a l’aînée, gentiment allumeuse, qui aimerait bien, comme beaucoup d’adolescentes, se faire la malle pour vivre une vie romantique sur les routes avec un beau gosse à lunettes de soleil. Enfin, il y a la petite dernière, qui découvre à peine ce que c’est que d’être une femme et s’invente un personnage d’extraterrestre pour l’aider à lui faire passer ce cap difficile.

Avec ses petites cases et son trait au crayon charbonneux, Aisha Franz démontre une grande maîtrise de la narration et de la transmission des émotions. Son récit évoque sans détour, mais avec une vraie pudeur et une sincère affection pour ses personnages, la peur et le doute qui s’immiscent en eux. L’angoisse d’avoir raté sa vie, l’appréhension des premières relations sexuelles, la crainte de sortir irrémédiablement de l’enfance. Trois stades de la vie d’une femme au sein du même foyer, incarnés par trois protagonistes qui ne semblent pas se comprendre, ni même se voir. On rit, on s’agace, on est ému. Malgré quelques baisses de rythme et une certaine monotonie graphique, on est séduit par cette Petite Terrienne, qui a su nous prendre par la main pour passer un moment doux-amer en son originale compagnie. Un moment qu’on ne regrette absolument pas, car on a aussi découvert un talent prometteur.

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