C’est avec une tendresse particulière qu’on lira ce seizième Philémon, car il s’agit du dernier de son auteur, qui clôt ainsi une série poétique, drolatique et surprenante, ainsi qu’une belle carrière.

Dans Le Train où vont les choses, Fred envoie à son jeune héros une curieuse machine. Embourbée en plein champ, une Lokoapattes (oui, une locomotive qui marche comme vous et moi et se passe de rails) attend qu’on lui fournisse de l’énergie. Avec Monsieur Barthélémy et son oncle Félicien, Philémon rencontre le chauffeur de l’engin, un certain Bougon. Ensemble, ils embarquent pour un drôle de voyage, et doivent fournir de la vapeur d’imagination afin de faire avancer ce train inédit…

Délicatesse, sensibilité, humour, poésie. Tous les ingrédients favoris de Fred figurent dans cet ultime épisode. On embarque, enchanté, pour un périple inattendu, imaginatif, qui ravit l’esprit et l’oeil. L’onirisme dans lequel baigne le récit s’invite aussi dans le dessin : comme à son habitude, l’artiste s’offre une liberté totale, laissant son trait déborder des cases, créant des planches étonnantes, permettant à ses personnages de totalement s’approprier l’espace. Un livre émouvant à plus d’un titre, dont les dernières planches (une reprise des premières du Naufragé du « A », Fred ne parvenant pas à terminer ce dernier volume) serrent le coeur.