Phoolan Devi, reine des bandits
Phoolan Devi naît en Inde en 1963, au sein d’une famille appartenant à la caste considérée comme la plus basse : celle des shudras, les serviteurs. À l’âge de 11 ans, la petite fille est mariée et violée par un homme trois fois plus vieux qu’elle, avant d’être rapatriée chez elle par ses parents. Considérée comme une paria, Phoolan se fera enlever quelques années plus tard par un groupe de bandits, dont elle se lie à la cause. Animée par sa soif de vengeance, la jeune femme va alors entamer une lutte sans merci contre ses agresseurs, et cette société qui abandonne à leur sort ses membres les plus vulnérables.
Ce n’est pas un récit facile auquel s’est attelée Claire Fauvel, récemment primée à Angoulême pour La Guerre de Catherine. Car la vie de Phoolan Devi, c’est avant tout une histoire d’injustices et de violences presque insoutenable, comme nous l’avait déjà fait sentir Pénélope Bagieu lorsqu’elle présentait la jeune femme dans ses Culottées. Ici, l’auteure se concentre sur la carrière de bandit de sa protagoniste et opte pour une narration sobre, sans excès de lyrisme et sans fioritures, qui n’étaient de toute façon pas nécessaires pour faire trembler et s’indigner le lecteur aux côtés de Phoolan.
Le talent de Claire Fauvel s’exprime également dans son exécution graphique impeccable, et son dessin mouvant qui fonctionne aussi bien pour suggérer des décors et étoffes colorées que pour traduire les expressions torturées de ses personnages.
L’épais volume se dévore finalement presque trop vite, et l’on aurait aimé en savoir plus sur l’engagement en politique de son héroïne, à laquelle Claire Fauvel rend en tout cas ici un hommage poignant.
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