Pierre part pour les vacances de printemps chez ses grands-parents, à la campagne. Il a une dizaine d’années et se passionne pour un feuilleton de SF à la télé. Mais il n’est pas très à l’aise, pour ces congés. Car il laisse derrière lui des parents qui se disputent trop à son goût, et un « cristal » (un bout de quartz donné par son horloger de père) à qui il confère des propriétés magiques. À la campagne, il retrouvera sa cousine et se liera avec un petit chat. Mais il est angoissé, il sent un manque en lui. Serait-ce son enfance qui est en train de s’échapper, pour laisser la place à quelque chose de bien plus inquiétant ?

Après avoir parlé de son adolescence et sa fascination pour le rock de la Mano Negra dans La Main heureuse, Frantz Duchazeau (Blackface Banjo, Lomax…) recule de quelques années pour peindre un instant de la vie d’un petit garçon qui chemine vers l’adolescence. Ça va arriver, il le pressent, et flippe par la même occasion. Car, même s’il on se trouve trop couvé et surveillé, il est doux d’être un gamin et de pouvoir vivre ses rêves au quotidien. L’adolescence, cette planète inconnue, aussi prometteuse qu’hostile, comment et avec qui l’aborder ? Par petites touches, Duchazeau réussit à brosser un portrait juste et sensible d’un petit garçon à cette période cruciale, entre balades dans la nature et discussions avec les grands-parents, comme autant de pièces venant composer le puzzle de ses pensées troublées. La ligne est tantôt frêle tantôt précise, les ombres posées avec subtilité, dans un noir et blanc d’une grande puissance d’évocation. Un récit à fleur de peau, dont la maîtrise de la narration ne nuit jamais à l’émotion. Une réussite.

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