Pieter Bruegel
Les temps sont troubles. Au XVIe siècle, les Flandres sont espagnoles. Les sbires de Philippe II règnent en maîtres, imposant le catholicisme, dans un contexte d’émergence et d’affirmation du protestantisme, et refusant la voix aux hommes de Guillaume d’Orange, représentant d’un pouvoir local en quête d’indépendance. Dans ce combat pour la liberté des Flandres, mêlant insurrection politique et revendication religieuse, Don César Blasco de Lopez, alias le Diable rouge, se lance sur les traces d’un mystérieux tableau de Bruegel, représentant les conjurés, semant au passage terreur et désolation.
Une idée ne fait pas un scénario. À la base, il y a pourtant une idée, un tableau : Les Mendiants de 1568, tableau actuellement exposé au musée du Louvre, et dont les diverses interprétations sont très bien expliquées dans les pages du cahier historique en fin de volume. Encore aurait-il fallu en faire quelque chose de pertinent. Car on navigue ici dans une vague intrigue, façon Da Vinci Code, l’auteur se piquant d’un intellectualisme artistique peu convaincant. Artificiel également le fait d’aborder un peintre derrière son contexte et une œuvre, sans aborder l’artiste dans son être. L’idée n’est pas si originale que ça.
Autre grosse déception : un dessin disgracieux. Un problème non seulement pour une bande dessinée en général, mais surtout lorsqu’il s’agit d’une BD sur un peintre et son oeuvre. La richesse des tableaux du maître flamand peut être étudiée à travers de nombreuses saynètes comme autant de vignettes d’une bande dessinée. Pourquoi alors infliger un trait si grossier, si maladroit à un sujet si pointu ? Une parodie des dessins de Bruegel aurait été bien plus intéressante.
Interdiction absolue aux fans de Bruegel ! Pour les autres, simplement s’abstenir. Si les cahiers historiques sont intéressants, rappelons que ce ne sont pas eux qui constituent la bande dessinée.
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