Pink Daïquiri *
Par Julia Bax, Amanda Grazini, Laurent Habart et Mélanie Théry. Le Lombard, 19,99 €, février 2013.
Clémence est une déçue des hommes; son grand amour l’a larguée, et elle s’est jurée de ne jamais plus fondre pour un garçon. Sa colocataire Alixia a un autre souci : elle empile les coups d’un soir, mais n’a jamais connu l’orgasme. Évidemment, il n’y aurait point matière à comédie si un troisième problème ne venait s’ajouter : Andrei, séduisant entrepreneur en cosmétiques, qui tombe sous le charme de Clémence, mais réussit à faire jouir Alixia à la suite d’une soirée trop arrosée.
Le concept est malin : la même histoire déclinée en deux récits, publiés tête-bêche dans un unique album. Deux points de vue, Alixia d’un côté, Clémence de l’autre, on peut commencer par celui qu’on veut. Un parti-pris qui fonctionne plutôt bien, la lecture d’une partie éclaircissant les zones d’ombre de l’autre (et vice-versa). Hélas, malgré des dialogues enlevés et résolument modernes, Pink Daïquiri souffre d’une histoire d’une superficialité rare, l’intrigue se résumant à deux copines qui se prennent la tête pour un mec. Car ce n’est pas parce qu’on cible les jeunes filles en mal de comédies romantiques en bande dessinée (une vraie lacune dans le franco-belge, il est vrai) qu’on doit leur proposer un scénario aussi indigent et des personnages secondaires aussi désincarnés que caricaturaux (le meilleur copain noir, homo et patron de bistrot, là, c’est le pompon). Il semble qu’à trop bien ciseler leur découpage en double-récit pour éviter incohérences et redondances, les scénaristes Mélanie Théry et Laurent Habart en ont oublié d’injecter de la matière et des émotions non-factices à leur histoire. Et une déception graphique vient s’ajouter à ce ratage : les Brésiliennes Julia Bax et Amanda Grazini (chacune en charge d’un récit) produisent quelques jolies images aux couleurs girly, mais, chacune dans leur style, reproduisent sans cesse les mêmes poses et attitudes, rendant l’ensemble d’un ennui mortel. Seul bon point pour ce double Pink Daïquiri, c’est qu’il rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
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