Piscine Molitor ***
Par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis. Dupuis, 15,50 €, le 22 mai 2009.
Voilà 50 ans que le plus zazou des poètes, le plus drôle des chanteurs, le plus américanophile des Français de l’après-guerre est mort. Boris Vian, écrivain, musicien, ingénieur, artiste multi-cartes, fait l’objet d’une belle bande dessinée biographique, toute en finesse et en sensations. On y suit le parcours atypique d’un gamin souffrant du coeur, qui se sait condamné à court terme et va tenter de profiter au maximum de la vie. Délaissant sa carrière d’ingénieur au profit du jazz et de l’écriture, provoquant la censure avec son roman J’irai cracher sur vos tombes ou sa chanson Le Déserteur, faisant rire et pleurer par ses textes cocasses et déchirants.
Hervé Bourhis (Comix Remix, Un enterrement de vie de jeune fille), ici scénariste, s’est approprié la vie de Vian avec talent, mêlant distance professionnelle et affection sincère. Il tente de se faire une petite place au plus près du coeur de touche-à-tout de génie, peignant un homme drôle mais foncièrement dépressif, artiste décalé et assez peu charismatique, en quête de reconnaissance publique. Seules ses oeuvres les plus importantes sont évoquées (L’Écume des jours par exemple), car c’est l’homme qui intéresse le plus Hervé Bourhis. Au dessin, Christian Cailleaux (R97, Les Imposteurs) se coule avec aisance dans ce choix narratif, parvenant à croquer avec une simplicité touchante le visage tout en longueur de Vian. Sa ligne claire chaleureuse et ses couleurs lumineuses restituent aussi bien le Saint-Germain de la grande époque que les plages de Méditerranée. Plongez sans réserve dans cette Piscine Molitor: en plus d’y apprendre plein de choses, on y verse des larmes de joie et de tristesse, comme dans les livres de Boris Vian.
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