Plongez dans L'Art de Tony Millionaire
C’est un auteur américain à part, créateur d’un univers hors norme. Tony Millionaire se voit honoré d’un beau livre chez Soleil, justement et sobrement intitulé : L’Art de Tony Millionaire.
Né en 1956, Scott Richardson est issu d’une famille qui a toujours placé le dessin et la peinture en bonne position dans sa vie. C’est ce qu’on découvre dès les premières pages de ce volumineux ouvrage paru dans la collection Soleil US, traduit de la version américaine de Dark Horse Comics. Celui qui deviendra Tony Millionaire reproduit d’abord des dessins et peintures de ses grands-parents et ses propres oeuvres de gamin, avant de raconter, sous forme de courtes et savoureuses anecdotes enrichies de photos, sa jeunesse et sa carrière. De Boston à la Californie, de Rome à New York en passant par Berlin, l’auteur décrit ses premiers gagne-pain : dessiner des maisons luxueuses pour vendre le résultat aux riches propriétaires, arnaquer les touristes américains sur le Forum romain en leur cédant pour quelques dollars des « esquisses originales » du lieu (en réalité des sérigraphies de son cru, simplement rehaussées d’encre)…
Il narre également la façon dont il intègre les pages du New York Press et du Village Voice, après avoir dessiné des strips dans le bulletin d’un bar en échange de pintes de bière. Le tout est évidemment superbement illustré, notamment de ses gags de Maakies et Drinky Crow (corbeau dépressif et alcoolique, sorte d’alter ego de l’auteur), puis d’images de son personnage fameux de Sock Monkey. On (re)découvre alors un auteur inspiré et un brin torturé, au style oscillant entre le cartoon et l’underground, et à l’univers résolument poétique. Ce que résume assez bien dans la préface le chanteur Elvis Costello, pour qui Tony Millionaire a réalisé des pochettes de disques : « Les livres pour enfants de Millionaire sont le lieu où H.C. Andersen et Marcel Duchamp entrent en collision. (…) Une familiarité et un malaise étranges parcourent toute son oeuvre, tout autant dans la subversion des conventions de la bande dessinée dans ses intrigues, que dans son talent de dessinateur à adapter le design de livres d’images de l’ère victorienne et de recueils de cantiques de l’ère edwardienne et toute l’histoire des comic books pour son propre arrangement unique et moral entre l’irrationnel et le merveilleux. »
En France, ses BD ont jusqu’ici été publiées par Rackham. Et on attend toujours la traduction de son roman graphique Billy Hazelnuts, paru en 2006 chez Fantagraphics. Chez Soleil peut-être ?
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L’Art de Tony Millionaire.
Par Tony Millionaire.
Soleil US Art, 29,90 €, le 28 avril 2010.
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