Potlatch
Maximo souffre d’hyperthymésie, un syndrome aussi rare qu’étrange et encombrant : il se souvient de tout, mais alors absolument tout, de la quantité de café ingurgitée lors d’un petit déjeuner il y a 21 ans à l’évolution du cours de Bourse d’une société d’électronique depuis son introduction. Et ça en fait des souvenirs, qui s’imposent à lui par vagues et finissent pas lui peser. Alors, quand une jolie brune lui glisse que les choses qu’on possède finissent par vous possédez, il se rend compte qu’il est temps de faire le ménage dans ses affaires et dans sa vie.
Avec son design influencé par un style américain des sixties et sa narration habile, Potlach commence par intriguer. Le récit est ainsi malignement très découpé, en courts chapitres, alternant l’action de différents protagonistes (le meilleur ami qui suit une thérapie, le détective privé qui suit différentes pistes, le héros qui suit le fil de ses souvenirs) et un déferlement d’infos en tout genre, personnelles ou tirées de l’actualité, celles qui submergent le cerveau parfois confus de Maximo. Même si par moments, la lecture de ce trop-plein de souvenirs est un peu indigeste, on se prend au jeu, et on se plaît à se perdre dans ce qui ressemble à un labyrinthe narratif, en attendant fébrilement de découvrir son issue. Hélas, la fin est bien plate en comparaison du reste et la déception est réelle. Tout ça pour ça… Car les auteurs, deux Espagnols qui travaillent à quatre mains, tenaient sans doute là matière à un final plus ambitieux, peut-être en choisissant définitivement leur registre, entre la vraie comédie sentimentale et la nouvelle fantastique troublante. Dommage.
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