Arata travaille dans un service d’aide sociale à l’enfance mais semble trop investi dans son boulot : ne supportant pas les violences faites aux enfants, il pète parfois les plombs et s’en prend physiquement aux adultes violents ou irresponsables. Il est comme ça, Arata, ingérable et fonceur. C’est pour cela qu’il prend à coeur la détresse d’un ado dont le père a été assassiné par la jeune Shinju : aujourd’hui emprisonnée et condamnée à mort, elle n’a jamais révélé l’endroit où elle avait dissimulé la tête de la victime… Arata promet de le découvrir, afin que l’ado puisse faire son deuil, et noue alors une relation ambigüe voire perverse avec la tueuse. Jusqu’à lui promettre de l’épouser…

Détourner Le Silence des agneaux façon vaudeville, il fallait oser. Le mangaka Taro Nogizaka l’a fait, en développant un étrange duel psychologique entre une jeune femme à la bouche édentée, reconnue coupable de plusieurs meurtres et arrêtée grimée en clown sanguinaire, et un type faussement nonchalant, véritable boule de nerfs en mal de reconnaissance. Et qui ne va pas hésiter à franchir plusieurs limites éthiques et légales pour avancer vers son objectif : retrouver la tête d’une victime. On rit un peu des séquences outrancières dans lesquelles Arata improvise en mentant et joue le joli coeur protégé par la vitre sécurisée de la maison d’arrêt. Et on frémit devant la double personnalité de Shinju et le jeu pervers et dangereux qu’elle semble mettre en place. Cependant, même si le scénario de ce manga est suffisamment bien construit pour faire monter le suspense, l’auteur de La Tour Fantôme en fait trop pour qu’on adhère à son ahurissant scénario très longtemps. On voit qu’il nous balade de mensonges en rebondissements, de coups de bluff en fausses pistes, de manipulations en deus ex machina juridique… Ainsi, son tête à tête entre les deux « fiancés » ne tient pas au-delà du premier tome, puisqu’il est obligé de développer des personnages secondaires peu intéressants car trop caricaturaux, et de balancer à intervalles réguliers des images choc, dans un registre érotico-gore tape-à-l’oeil et gratuit. Le parti-pris initial était osé, le résultat fait flop.

NATSUME ARATA NO KEKKON © 2019 Taro NOGIZAKA / SHOGAKUKAN

Pour le pire – Tome 02