Cette fois, c’est la guerre. La guerre des dieux rouges, ces rejetons d’une papa mourant qui vont s’entredéchirer pour prendre le pouvoir. Mais il y a des règles : chacun devra se choisir un champion, qui accomplira une quête avant de rejoindre l’arène finale. Curieusement, la déesse des animaux se choisit Poussin-bleu pour la représenter. Petit, pas costaud, mais hyper bavard et plutôt malin. Une bonne pioche ?

Assurément une bonne pioche pour Monsieur le chien ! Car si l’auteur semble démarrer sa série par une succession de gags parodiant l’heroic fantasy, c’est pour mieux leurrer son monde. En effet, même séquencé en strips, son récit est bien une quête de longue haleine, jouant en permanence le décalage, le comique de répétition, l’humour référentiel, l’effet de surprise… Et surtout prenant dès que possible à contrepied le lecteur, en empruntant des chemins moins convenus que prévus – pas révolutionnaires mais diablement efficaces. Dès lors, la parodie décolle et se fait vraiment plaisante, car on ne sait à quelle sauce le Poussin à la langue bien pendue, le crabe machiavélique ou la fermière à gros bras vont manger leurs ennemis. Dans un style au trait épais et cartoonesque, renforcé par des couleurs très tranchées, Monsieur le chien semble s’amuser comme un petit fou. Et nous aussi.