Power Antoinette #1
« Parce que Japon ! ». Cette expression bien connue des fans est une sorte de joker que l’on sort lorsque quelque chose qui nous semble incongru, illogique, complètement fou et inattendu nous vient du pays du Soleil levant. Une expression qui s’adapte parfaitement à Power Antoinette. On imagine ainsi sans peine le scénariste Nishiyama Akinosuke exposer son projet à son éditeur nippon : « Je veux faire une histoire alternative de la Révolution française avec comme point d’orgue le culturisme, les muscles, et le culte du corps bodybuildé ! » Déjà, en soi, le concept paraît complètement fou, mais pas aussi fou que l’éditeur qui accepté de publier pareille bouffonnerie narrative !
La question qui se pose alors est : oui, mais est-ce que c’est drôle ? La réponse dépendra de la « suspension d’incrédulité » du lecteur. Cette formule désigne le contrat tacite liant l’œuvre à ses spectateurs. L’univers et les lois d’une œuvre définissent son « lore ». Par exemple, si vous lisez un comics de super-héros, vous ne serez pas surpris d’y voir des pouvoirs surnaturels. Mais la suspension d’incrédulité sert aussi à poser des barrières qui forment la frontière entre l’originalité et le trop délirant. Si, par exemple, on adapte un récit policier d’Agatha Christie et qu’on y ajoute une invasion alien, il y a de grandes chances que le spectateur hurle, de bonne foi, au grand n’importe quoi !
Dans Power Antoinette, le sujet est traité de façon très sérieuse, quasi épique et héroïque, et c’est ce premier degré affirmé qui provoque un décalage comique entre le fond et la forme complètement barrée ! On suit ainsi une Marie-Antoinette qui s’extirpe de l’échafaud, prenant avec elle la lame de la guillotine pour en faire une épée lourde à la Berserk. Son but n’est autre que de sauver son enfant, Louis XVII ! Le Chevalier d’Éon ou encore le bourreau Sanson seront de la partie dans cette quête…
Avec un dessin classique mais efficace, cette farce littéraire est donc aussi incongrue que rafraîchissante. Et comme l’auteur sait que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, la série se déclinera en tout juste 3 tomes. On lui donne sans concession le top départ dans ses délires sous testostérone, en espérant que la fougue de sa narration musclée tienne le rythme jusqu’au bout.
Kara
© Nishiyama Akinosuke/SB Creative Corp. Original character designs © Misei ITO/SB Creative Corp © Shima/SQUARE ENIX
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