Précarisation : l’inquiétude des auteurs de BD grandit
La mobilisation des auteurs de bandes dessinées ne faiblit pas. Alors qu’ils avaient déjà interpellé la ministre de la Culture en juin dernier, ils annoncent un « débrayage » lors du Festival Quai des bulles qui se tient ce week-end.
La réforme du régime de retraite complémentaire des auteurs prévoit un prélèvement de 8% sur les revenus à compter de janvier 2016, alors que ces professionnels n’étaient assujettis jusqu’ici qu’à un prélèvement forfaitaire minime. Or, de plus en plus d’auteurs de BD ne gagnent même plus l’équivalent d’un smic aujourd’hui, à mesure que la crise gagne le marché du livre. Dans un contexte de grande production et de baisse généralisée du pouvoir d’achat, leurs albums ont du mal à trouver leur public en librairie, les tirages moyens diminuent, et les avances sur droits versées par les éditeurs suivent ce mouvement à la baisse. Un prélèvement « équivalent à un mois de rémunération » pour des auteurs vivant déjà fort mal de leur métier, avec pour contrepartie la promesse d’une meilleure retraite (mais vu les sommes cotisées, celle-ci sera loin d’être mirifique…), c’est la goutte d’eau pour ces quelque 1500 professionnels en France. Ils avaient donc écrit en juin, par le biais de leur syndicat (groupement BD du SNAC), une lettre à la ministre de la Culture, alors Aurélie Filippetti.
Sans réponse concrète pour l’instant (une concertation est simplement amorcée), ils se mobilisent à nouveau, en annonçant un débrayage au Festival Quai des bulles de Saint-Malo, ce samedi à 17h30. Les auteurs désirant se joindre à ce mouvement quitteront donc leur stand de dédicace pour participer à une assemblée. Un tract pour le public a été créé pour expliquer leur mouvement.
Cette situation générale de crise d’une profession et d’un secteur créatif très dynamique en France est parfaitement résumée par Denis Bajram dans cette vidéo tournée par l’émission Kaboom!. « Cette paupérisation va tirer tout le monde vers le bas. Je ne parle pas des prix, je parle d’une certaine panique qui pousse les gens à faire des mauvais bouquins pour survivre. Et il suffit de lire 3 ou 4 mauvais albums de BD pour penser que la bande dessinée ce n’est pas bien. (…) Sauver la qualité de vie des auteurs, c’est aussi sauver la qualité de la BD, il ne faut pas l’oublier. »
Publiez un commentaire