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Princess Jellyfish #1 ***

10 novembre 2011 |

picto-critique-V3-3princesse_jellifish_couvPar Akiko Higashimura. Delcourt/Akata, 6,95 €, dispo.
1 volume paru sur 8. Série en cours au Japon.

Le monde est effrayant ! Entre la politique mondiale qui déraille, la pression sociale qui vous fait culpabiliser, la quête de soi (et de l’autre, l’être aimé), être des adultes soit disant « mature et responsable » est hors de portée pour certains. Difficile de leur donner un nom, sauf peut-être au Japon où l’on aime tout nommer et cataloguer, quitte parfois à caricaturer. Le terme générique dans les années 80 était alors otaku. Une sorte de collectionneur se réfugiant dans sa passion, et surtout sans culpabilité par rapport à l’ennemi : la normalité imposée par une société qui le rejette… Mais qui paradoxalement lui fournit aussi les objets de sa convoitise (figurines, mangas, jeux vidéo, voire ici… des méduses !). L’otaku est pourtant devenu à la mode, voire « réhabilité » dans les années 2000 par le truchement d’œuvres telles que L’Homme du Train (série TV et manga). Mais surtout, l’otaku peut désormais être… une fille ! Le rêve tout mâle otaku ? Pas forcément…

princesse_jellyfish_imageEn toute jeune fille sommeille ainsi une princesse. Mais certaines ne s’éveillent jamais et se transforment en ce que les « autres » appellent une fille « moisie ». Ainsi Tsukimi est une otaku des méduses et en possède quelques-unes dans des aquariums. Elle vit dans un pensionnat abritant nombre de compagnes du même acabit : fan d’ésotérisme, auteur de manga agoraphobe, otaku classique, etc. Puis un jour, Tsukimi rencontre une drôle de jeune fille, Kuranosuke. Elle à tout d’une ennemie : très jolie, fashion, classe… Et pourtant celle-ci se révèle être… un homme ! Et pas n’importe lequel, puisqu’il est le fils d’un politicien aspirant aux plus hautes fonctions de l’État!

Princess Jellyfish se transforme au fil des pages en une jolie romance, improbable et tendre. Mais c’est aussi le portrait d’une société en quête d’identité, personnifiée par la rencontre de nos deux « marginaux ». Ils expriment à travers leur statut et leurs actes ce que certains nommeraient malaise, mais qui n’est pour eux qu’une soif de liberté dans un monde fou se voilant derrière le politiquement correct et une normalité standardisée. On ne se pose pas la question de savoir qui a raison ou tort, mais on se demande surtout pourquoi et comment une frange de la société nippone en est arrivée là.

Princess Jellyfish n’est que la partie émergée d’un iceberg que le lecteur est invité à découvrir par le biais d’une sympathique comédie, traitant d’un sujet qui, selon les points de vue, peut se révéler grave, intrigant, parodique, inquiétant, prophétique, consternant, amusant… Le débat reste ouvert et, pour le soutenir, notons qu’une adaptation animée de bonne facture et reprenant le style graphique peu orthodoxe du manga est disponible en VOD chez KZPlay.

Kara
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