Prison n°5
Journaliste et artiste kurde, Zehra Dogan a été emprisonnée dans les geôles turques alors qu’elle couvrait des affrontements. Au mauvais endroit, au mauvais moment. De l’intérieur, elle raconte le morne quotidien des femmes en prison, rapporte les récits de sévices infligés aux prisonniers politiques, et élargit son propos à l’Histoire de la répression des militants kurdes par le pouvoir d’Ankara.
Récit réalisé au crayon et stylo rouge sur papier kraft, au verso de lettres envoyées par une amie libre, Prison n°5 est à la fois un témoignage individuel d’une réalité rarement documentée, et un geste politique. Son vécu de ses mois derrière les barreaux, sans presque aucun lien avec l’extérieur, ajouté aux anecdotes rapportées par ses co-détenues et aux parcours les plus marquants des activistes passés (grève de la faim, immolation…) qui ont poussé l’administration à réagir, offrent une mine d’informations in situ d’une rare puissance. Et qui suscitent une vive émotion. Tel ce portrait d’une jeune soldate entrée en résistance dès son adolescence et qui pourrait ne jamais plus connaître la liberté, ou celui d’une vieille dame détenue qui n’a plus qu’une personne à appeler, son fils, lui-même emprisonné… Par son style un brin naïf, comme proche de l’art brut, Zehra Dogan évoque à la fois un cri de douleur d’enfant ou des dessins de résistance sur les murs. Et produit un contraste glaçant entre la douceur de son crayon et l’horreur des actes racontés. Un livre essentiel.
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Je ne comprends pas cette note. Je reconnais l’importance du sujet et j’aime beaucoup Tardi/Grange… Mais c’est ignoble, non ?
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