Punk Rock et mobile homes
Il n’y a rien d’enthousiasmant à être un lycéen binoclard vivant dans la banlieue d’Akron, Ohio, au début des années 1980. Otto n’a pas grand chose à faire dans cette petite ville moribonde de la Rust Belt, la ceinture de rouille, cette zone industrielle qui s’étend de Chicago à l’Atlantique, nommée ainsi suite à la crise économique. Pourtant la révélation survient le jour où Otto sera « baptisé » par le crachat punk de Joey Ramone, dans un club qui deviendra mythique : The Bank. Cette scène perdue au fin fond de l’Amérique va miraculeusement voir défiler la crème du punk rock : The Clash, les Ramones et bien d’autres y passeront. À force de pogo, Otto, l’adolescent bizarre et tête de turc du lycée, va devenir « Le Baron », le meilleur ami des rebelles du rock, citant Tolkien comme d’autres citeraient des philosophes.
Toute la révérence de Derf Backderf pour ces apôtres du no future transparaît dans son dessin noir, qui prend ses fondements dans des ombres épaisses. Punk Rock et mobile home est un joyeux mélange bien rythmé : un chant à la gloire des enfants terribles de la guitare électrique mais aussi un portrait humoristique et tendre de la mutation qui s’opère à l’adolescence, ce moment délicat où l’on forge maladroitement sa personnalité. Aux figures extravagantes du rock barbare bien saturé répondent donc les rednecks complètement barrés des USA.
Derf Backderf nous avait déjà fascinés avec Mon Ami Dahmer, où il tentait de comprendre comment son camarade de classe a pu devenir un tueur en série. Ça et Là publie aujourd’hui en France son premier roman graphique, un livre qui confirme le talent de conteur de Backderf et dévoile sa force comique.
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