Quatre bonnes raisons de relire Banana Fish
Parasite, 20th Century Boys, Maison Ikkoku, Fullmetal Alchemist… On ne compte plus les rééditions de mangas cultes ces dernières années. Dès ce 21 avril, c’est au tour du classique Banana Fish de retrouver les rayons des librairies, dans une version « perfect », chez Panini manga. Publiée entre mai 1985 et avril 1994 au Japon et entre 2002 et 2006 en France, la série était quasiment introuvable en France depuis plusieurs années. Seule une adaptation en anime, sur la plate-forme Amazon Prime Video, pouvait jusqu’à aujourd’hui rassasier l’appétit des amateurs du manga. On vous explique pourquoi il ne faut pas passer à côté de ce titre.
Un shojo inclassable
L’histoire : en 1973, en pleine guerre du Viêt Nam, un soldat américain, vraisemblablement sous l’influence d’une drogue, tire à bout portant sur des membres de son unité. Maîtrisé par ses camarades après avoir fait trois morts, il lâche les mots « Banana Fish » avant de se murer dans une sorte de coma. Une dizaine d’années plus tard, à New York, le jeune Ash Lynx (17 ans) assiste à l’assassinat d’un homme, qui lui glisse ces mêmes mots avant son dernier souffle. Le jour où Ash est convoqué par le parrain local pour savoir ce qu’il a vu et entendu, il comprend vite qu’il vient d’assister à quelque chose d’important, même s’il n’en mesure pas les conséquences.
Malgré cette intrigue aux airs de thriller, Banana Fish est bien classé dans la catégorie shojo (manga pour fille). Sur fond de guerre de gangs, de rivalité et de trafics de drogue, cette série aborde des thématiques lourdes comme celles de la prostitution de mineurs et du viol. L’autrice Akimi Yoshida parle également des liens de camaraderie et, de façon sous-jacente, de l’homosexualité, en laissant planer le doute sur la nature des rapports sentimentaux qui unissent certains protagonistes.
Un héros torturé
Au centre de l’histoire, le personnage d’Ash dénote dans ce milieu où la violence et les muscles sont plutôt de rigueur. Blond, les traits fins, affûté et futé, dans les mains de son autrice Ash alterne entre le leader charismatique qui n’a pas peur de se salir les mains et l’homme à la limite de la rupture, vraisemblablement marqué par un passé qu’il s’efforce de cacher. Sa relation avec les hommes, notamment le jeune Japonais Eiji venu enquêter sur les viols d’enfants à New York, brouille les cartes et lui apporte un peu plus de profondeur et de mystère.
Des pistes brouillées
Qui dit héros, dit grand méchant. Est-ce Dino, le baron de la pègre locale ? Est-ce Banana Fish ? D’ailleurs, à quoi correspond ce nom ? Une organisation criminelle, une drogue ? Invisible, cet ennemi est au cœur du récit, et finit par relier les différents pans de l’histoire et tous les personnages. On se garde ici de vous en dire trop, mais les rebondissements et les (mauvaises) surprises sont nombreux !
Un graphisme très 80’s
Avis aux fans de Katsuhiro Ōtomo, le graphisme d’Akimi Yoshida devrait vous donner de petits frissons de plaisir. L’autrice fait montre d’une esthétique proche de celle du créateur d’Akira, proposant parfois des visages ou des regards aux similarités troublantes. Le découpage et le cadrage, qui aujourd’hui peuvent nous paraître un peu classiques (voire un peu raides par endroit), ajoutent une petite dose de vintage à ce titre, qui nous plonge déjà dans le New York sale et violent des années 1980.
Un régal.
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Banana Fish, Perfect Edition,
Par Akimi Yoshida.
Panini Manga, 2 tomes (format 150 x 210 mm), 378 p.,16 €.
Banana Fish Fukkokuban © 2018 Akimi Yoshida/Shogakukan
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