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Quatre livres illustrés pour l’été

17 juillet 2019 |

Voici une sélection de grands et petits livres mettant en avant le dessin, à déguster tranquillement pendant l’été (et après). Pour préparer aussi les sorties prochaines des auteurs…

king-kong-blain-couvKing Kong

En 2004, Christophe Blain illustrait le texte de Michel Piquemal, reprenant les personnages d’Edgar Wallace et Merian C. Cooper créés pour le film King Kong de 1933. L’auteur de Gus a décidé de donner une nouvelle vie à cette collaboration, ciblée jeunesse à l’époque. Il a redessiné chaque image et les a inclus dans une nouvelle maquette, donnant à ce conte illustré des allures de beau livre. Car le texte de Michel Piquemal est d’une grand sobriété, quasi ascétique. Et laisse dès lors parler les ambiances de Blain, au crayonné charbonneux, aux couleurs subtiles dans un registre sombre et aux compositions très picturales. Le dessinateur alterne larges tableaux brumeux et évocateurs, avec mini-planches de BD muettes au trait délié, démontrant tout son talent quand il s’agit de brosser le mouvement et les émotions d’une ligne et d’une ombre. Un petit bijou délicat, en attendant de découvrir sa version de Blueberry imaginée avec Joan Sfar et annoncée pour l’automne.

Par Christophe Blain et Michel Piquemal. Robinson, 48 p., 14,95 €.

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Quand tu viens me voir ?

Alors qu’il va publier à la rentrée un album de SF (Nathanaëlle, dessiné par Fred Beltran, chez Glénat), et un livre autour de la designer Charlotte Perriand (Charlotte Perriand au Japon, Le Chêne/Arte éditions), Charles Berberian sort à L’Association un petit livre de dessin, humble et émouvant. Déjà publié, mais sous une forme différente, dans un hors-série de Fluide Glacial, Quand tu viens me voir ? rassemble des dessins réalisés sur le vif – au stylo, crayon, parfois à l’aquarelle – par l’auteur quand il allait rendre visite à ses parents à Fréjus et Saint-Raphaël, ce Sud choisi pour vivre leurs vieux jours. Une idée qui a longtemps hérissé l’auteur des Afterz ou Jukebox. « À chacun de mes visites, et selon les saisons, je transcrivais dans mes carnets le joyeux bordel, ou le paisible ennui, des bords de l’Estérel », écrit-il entre deux portraits d’habitants marchant le long de la plage ou sirotant un rosé à la terrasse d’un café. Au fil des pages, remplies de ces croquis au trait tremblant mais si expressif, qui saisissent à merveille ces instants suspendus, Charles Berberian avoue qu’il a appris à apprécier cette Côte-d’Azur, son vent, ses gens. Et surtout les dernières années à profiter de son père, son frère, sa mère, décédés aujourd’hui. Avec ses mots simples et sa sincérité, qui prennent corps dans ces dessins modestes mais vibrant, il offre un touchant et original album de famille.

Par Charles Berberian. L’Association, 128 p., 17 €.

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La Belle Saison

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Invité à une « carte blanche » de février à juin 2019 à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, Alfred y a produit énormément de dessins, pour des expos, des concerts ou des lectures, dont une partie est reproduite dans ce beau livre, au grand format à l’italienne. La première partie, la plus fournie, présente des images de jardins : mystérieux, foisonnants, propices au rêve ou à des embryons d’histoires angoissantes, pistes pour joggers ou refuges magiques, ces jardins permettent à l’auteur de Daho ou Je mourrai pas gibier de laisser aller sa plume et ses couleurs, dans des compositions d’une grande fluidité, comme animée d’un souffle vital. La deuxième partie montre certains dessins brossés dans ses carnets, espace de gymnastique graphique et mentale, des pages « vide-têtes » comme il les nomme, qui lui avaient permis de dépasser des mois de blocage artistique et de produire, finalement, Come Prima. La dernière partie est consacrée à des illustrations produites pour cette carte blanche, autour de masques africains, de spectacles angoumoisins ou de cinéastes italiens. L’ensemble compose un artbook vivant et jamais figé, comme une chouette sélection de dessins au jour le jour, d’un auteur qu’on retrouvera cet automne chez Delcourt, avec un roman graphique intitulé Senso.

Par Alfred. Delcourt, 80 p., 29,90 €.

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L’Année de la comète

Chez 2024, Clément Vuillier avait déjà pris le chemin de l’espace avec le très curieux Le Voyage céleste extatique. Le voilà qui s’envole de nouveau pour un récit muet composé d’images de très grand format, au sein d’un livre impressionnant et classieux (28,5 x 38,5 cm, dos toilé). Il y imagine la trajectoire d’une comète, mélange de flammes, fumerolles et de circonvolutions quasi organiques. Et l’influence de cet astre mouvant sur une planète : éruption, tsunami, orage magnétique, effondrement de massifs montagneux, tornades, émergence d’un nouveau monde… On alterne entre visions de cette étrange comète déchirant le noir du cosmos, et images de la planète en plein bouillonnement. Et on est hypnotisé par ces dessins hyper-détaillés, aux milliers de vaguelettes encrées, feuilles et nuages qui inondent les pages. Des pages savamment composés pour insuffler un rythme et une narration à ce qui est une histoire sans personnage ni texte, mais avec une anti-héroïne d’exception : une comète lancée à pleine vitesse dans la nuit galactique. Audacieux et fascinant.

Par Clément Vuillier. Éditions 202, 80 p., 29,90 €.

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