Qui ne dit mot
C’est une histoire étrange, mouvante : John, trentenaire en couple avec une séduisante brune, va déjeuner chez les parents de celle-ci, et les rencontre pour la première fois. A table, tout sonne faux. Les malentendus s’accumulent, l’ambiance est pour le moins curieuse. Le lendemain, notre héros se réveille, seul, terriblement en retard, et cumule les handicaps pour arriver à temps à un rendez-vous important. Des inopportuns se mettent en travers de son chemin, l’interrompent, le freinent, l’appelant systématiquement par un autre nom que le sien ! Arrivé dans l’immeuble où son entretien a lieu, le jeune homme lutte, encore. Il doit monter trente-huit étages à pied, semble perdu, croise un groom cousin de Spirou, puis retrouve des têtes connues, mais qu’il ne peut identifier…
Surdoué et dyslexique, le Belge Stéphane de Groodt est acteur et chroniqueur (on l’a vu et entendu sur Canal + et RTL), habile à jongler avec les mots. Le voilà, c’est nouveau, scénariste de bande dessinée. Alors on se frotte les mains d’avance, surtout que l’album est dessiné par le talentueux Grégory Panaccione (Match, Un océan d’amour). En lisant, on se frotte ensuite les yeux : a-t-on bien lu ? Y a-t-il eu jeu de mots ici, et là aussi ? Ah oui, mais ce n’est pas spécialement drôle, ni éclairant ou intrigant. Alors on accepte de ne pas comprendre ce ton absurde, ni l’enchaînement de ces gags bizarres — pas vraiment drôles, mais qui interrogent. Faute de s’attacher à des personnages trop rapidement brossés, on va bien finir par comprendre où les auteurs veulent en venir. Mais voilà qu’arrive le dénouement (que nous vous épargnerons), plat et presque niais. Malgré un style graphique vif et habile, Qui ne dit mot sonne terriblement creux. Comme une longue, bien trop longue blague dont la chute n’est pas — du tout — à la hauteur.
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