Après avoir décrypté le phénomène des hauts potentiels intellectuels, avec précision et beaucoup de sensibilité, dans le réussi Comme un oiseau dans un bocal, Lou Lubie propose une autofiction documentaire sur un sujet peu abordé : les cheveux crépus. Ou comment la dictature mondiale des cheveux lisses de l’élite blanche (en plus du fait que ce type de cheveux est plus compliqué à coiffer et entretenir) pèse dans toutes les strates de la population et fait perdre une part de l’identité, des racines sans mauvais jeu de mots, à ceux qui les portent.

Mêlant la BD d’inspiration autobiographique et le recueil de données précises et sourcées, et forte d’un vrai talent pour mettre en scène des éléments documentaires dans un récit réaliste, Lou Lubie réussit à passionner avec de longues séquences parlant shampooing et cuticule (si, si!), mais surtout quand elle met en avant le rejet, les moqueries, le racisme qu’engendrent les tresses, la coupe afro ou les simples cheveux crépus au naturel. Et de raconter comment, sous l’argument de chercher un coupe plus facile d’entretien et sous l’influence de l’iconographie glamour mondiale qui le vaut bien, tant de femmes se lissent les cheveux, avec des méthodes souvent néfastes (voir sur ce point la chouette fiction pour ados Frizzy). Ce récit de vie sincère et cette recherche d’informations sérieuses font de cet ouvrage une référence pour toutes celles qui s’interrogent sur ce que signifie leur chevelure et sur la manière dont elles doivent la dompter. Percutant et salutaire !