Ragnagna et moi
Tous les mois c’est le même rituel pour les femmes concernées. Pertes de sang, douleurs plus ou moins fortes au ventre, fatigue, changement d’humeur… évidemment toujours au mauvais moment, comme la veille d’un rendez-vous ou du rendu d’un travail. C’est l’amie Ragnagna ! Représentée ici sous la forme d’un bonhomme rose avec un pansement à la place du nez, elle signale son arrivée, souvent imprévue, de façon fracassante – coup de poing dans le ventre, ponction de sang avec une énorme aiguille… – et sabote le quotidien de ses victimes pendant plusieurs jours.
Le concept de Ragnagna et moi est d’égrener les petits histoires de cycles menstruels. Avec délicatesse et surtout beaucoup d’humour, ce livre de Ken Koyama – un homme – nous fait vivre l’énorme coup de fatigue mensuel, la phase de déprime, le mal de ventre, voire le visage bouffi. À chaque fois, le résultat d’une action de ce personnage non désiré : un « Ragnagna punch » dans les tripes, des claques sur les joues, un coton de chloroforme sur le nez…
Prix Tezuka 2019 dans la catégorie histoires courtes, ce manga tente de briser des tabous encore bien ancrés au Japon (comme en France). Avec cette oeuvre modestement pédagogique, qui ne se veut pas exhaustive sur cette question des règles (il s’agit vraiment d’un gag manga), l’auteur pointe du doigt avec légèreté la méconnaissance globale du public sur ce sujet. Matérialiser le concept des règles avec un personnage à l’allure comique se révèle particulièrement efficace pour décrire le côté « subi » des cycles menstruels et ses désagréments et permet ainsi de retranscrire (en partie) ce que ressentent les femmes pendant cette période.
Point d’orgue de ce Ragnagna et moi, le dernier chapitre qui raconte le parcours d’Yoshiko Sakai, la directrice de la marque Anne, qui a bataillé pour lancer les premières serviettes hygiéniques au Japon au début des années 60.
Un manga réussi, léger mains instructif, à mettre dans toutes les mains, féminines comme masculines.
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