Vieux briscard des comics, Walter Simonson a gardé de ses nombreux gigs chez DC et surtout Marvel, un goût prononcé pour les figures mythiques. En particulier celles issues de la culture nordique, portées sur la foudre et les marteaux… Célèbre pour son run sur Thor dans les années 80, il retrouve dans les années 2010 le dieu du tonnerre pour une saga inédite pour IDW Publishing. Mais attention, dans Ragnarok, il s’agit d’un Thor très éloigné de celui popularisé par Stan Lee et Jack Kirby.

À des années lumière de la version Donjons et dragons dans l’espace qu’on connaît depuis les années 60 chez Marvel, celle de Ragnarok semble plus directement sortir des légendes orales scandinaves. Quand débute cette histoire, le fils d’Odin, autrefois craint de tous, est depuis belle lurette porté disparu comme tous les autres dieux du panthéon. Jusqu’à ce qu’une jeune femme, assassin de profession, retrouve sa trace et le délivre des fers dans lesquels on l’avait entravé depuis des éons au fond d’une caverne. Désormais zombifié et privé de mâchoire inférieure, le dieu du tonnerre a un peu perdu de sa superbe mais pas de sa noblesse d’âme ni de sa force de frappe. Alors que les morts menacent de renverser les vivants, il va reprendre sa place de protecteur des humains.

La saga qui débute ici – d’ailleurs déjà publiée en partie chez Glénat puis abandonnée et aujourd’hui reprise par Black River – se veut évidemment épique et brutale, Simonson s’étant d’abord taillé une réputation de spécialiste de l’action. Et c’est vraiment au crayon que son talent en la matière s’exprime le mieux, avec ses personnages taillés à la serpe et son découpage musclé. On pense sur des thèmes voisins à The Goddamned de RM Guéra, écrit par Jason Aaron, mais Simonson est un type de la vieille école et son classicisme assumé le fait s’abreuver plus directement à la source chez Tolkien et Robert E. Howard. Rien à dire, dans le genre, c’est efficace.