Raspoutine le patriote #1
Soupçonné d’abus de confiance, Mamoru Yūki est mis en examen et placé en détention provisoire. Surnommé le Raspoutine des Affaires Étrangères par les médias japonais, il est soupçonné d’espionnage et de collaboration avec l’ennemi. Basée sur l’expérience personnelle du diplomate japonais Masaru Satō, cette histoire est stratégique, politique, internationale. Pile-poil ce qu’adore Takashi Nagasaki, le comparse des meilleures œuvres de Naoki Urasawa : 20th Century boys, Monster…
Autant on l’attendait (au tournant) sur un titre de ce type, autant c’est véritablement étonnant de voir Junji Itō s’être lancé dans un tel projet. Connu pour ses titres horrifiques (Les Chefs-d’œuvre de Junji Ito #1-2, Histoires courtes…), c’est la toute première fois (et dernière, à date) qu’on le voit aborder un sujet si sérieux, loin de toute l’imagerie et l’ambiance qu’on lui connaît. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, même si l’on reconnaît sa patte caractéristique, il peine à rendre la mise en scène passionnante. Trop dans les clous, trop statique, trop sérieuse, sa proposition graphique n’apporte pas grand-chose à l’intrigue, là où Kōji Kōno parvenait à donner un ton particulier et des gueules à ses personnages dans Inspecteur Kurokōchi. Pour ce qui est du travail fourni par Takashi Nagasaki, il est dans la droite lignée de ce qu’il a toujours aimé, cependant, si cela fonctionne dans Master Keaton ou Billy Bat, c’est en grande partie grâce au contrôle de Naoki Urasawa et de son expertise dans le thriller. Ici, en adaptant un récit rigide par essence, Takashi Nagasaki se prend les pieds dans le tapis de l’adaptation scolaire et de l’ennui. Interrogatoire, joutes verbales, sauts dans le temps peinent déjà à captiver sur ce premier tome… il faudra donc s’accrocher si l’on souhaite s’infliger les 5 tomes restants !
En creusant un peu, on déniche une infirmière flippante et un distributeur de boissons très Junji Itoesque, mais on trouve difficilement d’autres apports qui justifieraient la présence du maître contemporain de l’horreur sur cette adaptation. Certes Junji Itō a le vent en poupe en ce moment, mais ce qui est certain, c’est que ce n’est pas cette œuvre qui vous permettra de découvrir toutes ses qualités !
© 2010 Masaru SATO / JI Inc. / Takashi NAGASAKI / SHOGAKUKAN – Traduction : Jacques Lalloz
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