Rat Queens #1
Après cinq saisons à martyriser ses personnages féminins et à dépeindre un monde tristement confisqué par les hommes à leur seul profit, Game of Thrones aura attendu sa sixième année à l’antenne pour commencer à laisser entrevoir une éventuelle prise de pouvoir par les épouses, les filles, les maîtresses, les mères… Pas trop tôt. Même univers fantasy ou presque pour Rat Queens mais approche radicalement différente. Ici, les filles ont très naturellement au moins autant leur mot à dire que les mecs. Et elles le font en gueulant bien fort !
Les Rat Queens, c’est un groupe de mercenaires archétypal comme on en croiserait dans toute partie de World of Warcraft avec prêtre guérisseur, mage elfe, guerrier nain et voleur gnome, à la différence près que ses quatre membres sont des femmes. Soit Dee, Hannah, Violet, et Betty, quatre copines qui ne rechignent jamais entre deux contrats à écluser les verres à la taverne du coin, déclencher des bagarres générales et faire la paix sous la couette avec celui ou celle qui lui aura tapé dans l’oeil, parfois littéralement.
Dans Rat Queens, on se vanne avec esprit à chaque page au gré de dialogues très bien sentis ; et une des raisons d’être du projet est évidemment de s’amuser à transposer Sex and The City chez Tolkien. Pour autant, les auteurs ne versent jamais dans la parodie futile. Au contraire, leur série pourrait en remontrer à des tas de tentatives très sérieuses de s’attaquer à la fantasy. Ici les intrigues de fond troussées par Kurtis J. Wiebe sont solides et les scènes d’action – badass à souhait – remarquablement mises en scène par Roc Upchurch. Les quatre héroïnes ne se réduisent pas à un twist amusant et sexy sur les figures bien connues des amateurs du genre (avec une Legolas rockabilly ou une Gimli hipster), mais présentent chacune une personnalité et un passé plus nuancé qu’il y paraît. Ceux qui confondraient Rat Queens avec une tentative opportuniste de draguer les lectrices de Cosmo risquent fort de passer à côté d’une série qui a, au contraire, tout pour plaire aux vrais amateurs de fantasy, garçon ou filles.
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