Dans les années 1970, les États-Unis surfent sur la vague de la sexualité libérée, et l’industrie du porno tourne à plein. Mais un tueur surnommé Le Charpentier châtie sommairement ces brebis égarées, soutenu par un groupuscule religieux qui fait de plus en plus d’adeptes dans l’Amérique puritaine. De l’autre côté du rideau de fer, on voit d’un mauvais oeil ces « nettoyeurs » homophobes et anti-communistes, qui pourraient faire capoter les négociations sur le désarmement nucléaire. Moscou décide donc d’envoyer une super-héroïne pour faire le ménage : une plantureuse brune entraînée depuis son plus jeune âge pour servir le régime, dotée de capacités physiques (et d’une plastique) hors du commun…

Drôle d’idée que de faire d’une espionne soviétique un super-héros luttant en territoire américain contre les réactionnaires de tout poil ! Fort de ce postulat, Xavier Dorison (Le Chant du Cygne, HSE, Asgard…) s’en donne à coeur joie dans le registre de la comédie d’action en décor vintage. Il opte pour des personnages à la psychologie sommaire et un scénario privilégiant l’humour et la bagarre à une intrigue crédible. Il faut dire qu’avec comme partenaire de jeu le talentueux dessinateur Terry Dodson (Songes), on ne saurait se priver de mettre en scène des pin-up en costumes moulants en train de tabasser des fachos… Voilà donc une bande dessinée au parti-pris fun revendiqué, aux clichés et à l’humour facile assumés, portée par un graphisme 100% glamour, un petit plaisir régressif pour mâles en quête d’action qui ne vole pas très haut, mais qui remplit sa fonction de divertissement.