Juste après avoir posté les premières images des Rencontres Chaland, je me lance sur les routes de Nérac, offrant un joli point de vue sur la ville, son vieux pont et ses constructions anciennes. Et je croise une silhouette familière tranquillement assise sur le parapet, en train de griffonner dans un carnet Muji défoncé: Serge Clerc.

Et il se met à parler, spontanément, un flot ininterrompu et un brin décousu sur son travail, ses envies et sa passion pour la bande dessinée. « J’ai su très tôt, vers cinq ou six ans, que je voulais devenir dessinateur, raconte l’auteur du Journal. J’avais découvert une sorte de malle au trésor chez mes oncles, pleine de vieux illustrés de BD. Des trucs un peu nuls, mais qui m’ont fait un énorme effet. »

Il me montre aussi ses croquis, réalisés il y a peu lors d’un séjour en Espagne et dans le Sud de la France. « C’est juste quelques crobards, comme ça. Il faudrait rester plusieurs semaines au même endroit pour pouvoir vraiment saisir les lieux. Mais j’aime bien découvrir toutes ces architectures des villes de province, souvent très différentes les unes des autres. »

Serge Clerc évoque ensuite ses travaux du moment. Un beau livre qui regrouperait ses pin-up, réalisées sur trente années. « C’est intéressant, même pour moi, de voir l’évolution de mon dessin sur cette période. » Reste à trouver un éditeur. « Je n’arrive pas à bien vendre mes projets. J’ai souvent des bons premiers contacts, mais après l’éditeur ne me rappelle pas. Et moi, non plus du coup. Je sais que c’est sans doute une erreur, mais ce n’est vraiment pas mon truc de faire ça. » Un projet de recueil de ses dessins pour Rock & Folk est ainsi en suspens.

Concernant la bande dessinée, son projet de Spirou avec Jean-Luc Fromental est lui aussi en attente. De même qu’une longue aventure de Phil Perfect et Sam Bronx, intitulée Le Grand Nulle-part, qui n’est encore signée chez aucun éditeur.

Mais ce n’est pas grave, on repart ensemble vers l’espace d’Albret, mobilisé pour les dédicaces des auteurs présents. Et il me dit: « Bon, finalement, c’était une interview, là? » Il faut croire que oui.

Photo © BoDoï