Rendez-vous à Phoenix
1998, Sonora petite bourgade mexicaine. Tony Sandoval est alors un jeune homme dont le rêve est de devenir auteur de bande dessinée et de percer aux États-Unis. Il pourrait également y rejoindre sa petite amie et travailler à ce que son talent et ses dessins soient reconnus par ses pairs américains. Pour cela, il lui faut obtenir le fameux visa, qui reste un doux rêve. C’est pourquoi il décide comme tant d’autres d’avoir recours à un passeur et de tenter l’impossible. Après des tentatives infructueuses, il vit l’humiliation de se voir arrêté et questionné comme un malfrat, puis l’errance dans la ville frontière de Nogales, en attendant de se refaire un pécule pour payer un nouveau passeur. Enfin, il finit par franchir la frontière. Un périple dont il se souviendra toute sa vie et qu’il relate dans ce « récit autobiographique d’une histoire clandestine ».
À l’heure où Donald Trump accuse la population mexicaine de tous les maux et promet s’il est élu de faire édifier un mur entre le Mexique et les États-Unis, ce récit apparaît particulièrement d’actualité. Et fait bien sûr aussi écho au drame actuel des réfugiés qui tentent de gagner l’Europe. Tony Sandoval (Mille tempêtes, Le Serpent d’eau, Un regard par dessus l’épaule) y décrit avec beaucoup de réalisme et d’humanité sa propre expérience : sentiment d’être traqué, peur de se faire tuer et volonté de s’en sortir et de vivre une vie meilleure. Il nous fait également partager les trajectoires de ses compagnons clandestins, prêts comme lui à passer la frontière coûte que coûte. Son dessin proche de la caricature ainsi que des couleurs claires atténuent la gravité du récit, qui reste optimiste et parfois même humoristique, malgré la situation.
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